On a vu ce soir ce que c'est que de faire de la politique avec un esprit marketing conquérant, en essayant de contenter tour à tour les démunis, les familles de militaires meurtries... mais aussi les jeunes, les femmes, les nostalgiques de l'ordre d'autrefois, les anti-Ennahdha, bref tous ceux parmi ces gens qui forment le peuple aigri par la vie, auquel il se présente comme le sauveur providentiel, le Zorro attendu.
Je ne suis pas sûr que sa piètre élocution soit un handicap si lourd : les gens à qui il fait les yeux doux par ses promesses et son air contrit sauront lui pardonner. Et le bonhomme, en pragmatique qu'il est, a une calculette dans la tête et sait que le vote de la pauvre paysanne du fin fond du pays, qui n'y verra que du feu, vaut autant que celui des têtes les plus averties…
En additionnant les uns et les autres, il s'agit d'obtenir le bon compte. Et si, avec un peu de chance, le compte est bon… (Et que l'immunité est assurée), le masque électoral pourra être jeté aux orties…
Toutes les questions sur ses agissements passés, ses infractions, ses dépassements divers, ses rencontres délictueuses, etc., seront piétinées. Le pays sera livré à lui : à son "sauvetage" programmé comme à sa vindicte. Les deux vont ensemble, indissolublement !
Je ne nierais pas que le bonhomme ait un certain talent, qui peut être utile, mais qu'est-ce qui lui a pris de croire un jour que ça pouvait avoir un rapport quelconque avec l'exercice de la fonction de président de la République.
Il y a chez les surdoués des affaires une capacité d'égarement qui peut être dévastatrice. Avec ce déficit de modestie qui devient politique en tant que telle et qui menace de transformer tout obstacle sur le chemin en un défi lancé sciemment à l'adresse de son génie supposé…
Regardons Trump de loin et tous les dégâts qu'il fait malgré les garde-fous de la démocratie américaine : ça nous suffit comme spectacle pour l'instant.