Syrie : Le machiavélisme est le pain quotidien de la guerre.

Les derniers événements survenus en Syrie doivent nous inquiéter. Indépendamment de la position qu'on a vis-à-vis de la révolution qui a mis fin au règne des Assad. Il est certain que les massacres qui ont touché en particulier la population des Alaouites, mais aussi celle des chrétiens, s'ils ont été commandités d'une manière ou d'une autre par le nouveau pouvoir, cela jetterait une ombre sérieuse à la fois sur la légitimité de ce dernier et sur les espoirs qu'il a pu inspirer à certains.

Ce point ayant été clairement souligné, on ne se laissera pas entraîner par une rhétorique partisane dont on connait la violence. On ne répondra donc pas par un "oui, bien sûr" à la question de l'implication directe des dirigeants actuels dans les massacres. On se réservera au contraire le droit de noter que ces dirigeants les ont désavoués et ont ordonné une enquête indépendante pour désigner les responsables.

Simple manœuvre pour jeter un voile sur ses propres agissements ? Peut-être. Mais ça ne nous expliquera pas pourquoi le nouveau pouvoir syrien aurait tant investi dans la diplomatie et dans la réhabilitation de son image auprès de l'étranger pour, finalement, compromettre ses efforts si lamentablement par de tels actes. Cette politique du gâchis ne s'explique pas. En revanche, on peut très bien imaginer que ce qui s'est passé a été orchestré par ceux qui avaient précisément intérêt à ce que le nouveau pouvoir perde la sympathie internationale dont il jouit. Simple hypothèse, qui ne dit rien sur les convictions qu'on peut avoir. Mais hypothèse qui n'a rien d'extraordinaire : ceux qui connaissent les pratiques de la guerre savent que s'en prendre à son propre camp et provoquer chez lui des dégâts qui suscitent l'émoi est un coup classique, quand on veut se donner à soi-même le rôle avantageux du noble défenseur tout en attirant sur son ennemi des sentiments vengeurs.

Le machiavélisme est le pain quotidien de la guerre. Il ne s'agit pas de l'oublier en pensant que seuls les "méchants" en sont capables : ceux à qui on refuse notre sympathie et qu'on voue aux gémonies... Si on le fait, si on commet cette faute de l'intelligence, on n'aura rien prouvé, sinon qu'on est un analyste naïf et le gentil pantin de ses propres partis-pris.

Soyons clairs : la bonne position est celle qui sait réserver son jugement, sans se sentir obligé de se placer dans un camp ou dans un autre, alors même qu'on ne dispose pas des éléments permettant de faire un choix en connaissance de cause.

Ce qui ne signifie pas qu'il faille être dans une blanche neutralité, et de renoncer à accorder son soutien à ce en quoi on perçoit une issue possible à la crise du monde arabe et musulman, et un souffle nouveau à la révolution.

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