Le prisme et l’horizon/ Libye, Yémen... l’impératif de cohésion !

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Mardi dernier s’est tenue à Alger la 7e réunion ministérielle ordinaire des pays voisins de la Libye, en présence du nouvel envoyé spécial de l’ONU, l’Allemand Martin Kobler. Ce dernier succède à Bernardino Leon, dont la poursuite du mandat a été empêchée, semble-t-il, en raison de certains soupçons qui pèsent sur lui, selon lesquels il serait sous influence des Emirats Arabes Unis... Lesquels, comme chacun sait, soutiennent une des parties en conflit : le pouvoir établi à Tobrouk.

La situation en Libye n’est pas bonne. Que la Tunisie éprouve le besoin de fermer ses frontières avec ce voisin à chaque fois qu’un attentat terroriste survient sur son territoire donne une idée de l’état de la sécurité qui y règne. Mais il n’est pas vrai non plus que rien ne va, ni qu’il n’y a aucune avancée en direction d’une solution politique. Dans une déclaration faite à la presse dans la capitale algérienne, Martin Kobler a rappelé qu’il existe une majorité de personnes, aussi bien au sein de la Chambre des représentants de Tobrouk qu’au sein du Congrès général national de Tripoli, en faveur d’un gouvernement d’union nationale. Il a ajouté que l’effort consistait désormais à élargir cette base, sans doute parce que la mise en place d’un tel gouvernement a besoin, sinon d’une unanimité, du moins d’un vaste consensus.

On doit admettre cependant que des résistances persistent. On apprend par ailleurs que la Fédération internationale des journalistes s’est fendue, le jour même de la tenue de la réunion ministérielle, d’un communiqué dans lequel elle dénonce les menaces adressées par le gouvernement provisoire de Tobrouk contre une agence de presse lancée le 19 novembre dernier et qui se veut indépendante...

Il est vrai que ces menaces émanent d’un personnage sulfureux, à savoir le président de l’Instance libyenne de la culture et de l’information, le dénommé Omar Gouiri.

De telles menaces sont-elles excusables pour autant? Appeler les services de sécurité à procéder, sans plus de façon, à l’arrestation des journalistes de cette agence relève de pratiques qu’on ne peut qualifier que de «fascistes». Elles dénotent en outre une attitude d’intolérance à l’égard d’une politique d’information qui se veut libre de toute inféodation par rapport à tel ou tel camp et qui, par conséquent, serait susceptible de gagner en crédibilité auprès de la population. Et de faire par là même de l’ombre à une information de propagande qui entretient le refus de tout accord politique.

Les réticences et les dérobades ne manquent pas non plus dans l’autre camp. Elles posent en général le problème de la capacité de répondre qu’un pays est en mesure de se donner face à un ennemi qui cherche à dominer la population par la terreur et par l’ignorance... Au-delà des craintes ressenties de ce côté-ci de la frontière à l’idée que l’Etat islamique a installé des bases dans un de nos pays voisins, il y a lieu de relever que le cancer jihadiste a déjà accompli sa métastase et que, où qu’il se trouve, la seule attitude qui vaille face à lui est le resserrement des rangs. Toute autre attitude revient finalement à jouer son jeu, à basculer dans une sorte de complicité plus ou moins consciente, et parfois d’autant plus réelle qu’elle est inconsciente.

Le problème est le même au Yémen, qui est un autre haut lieu du jihadisme dans un pays qui a connu un début de transition démocratique. Les clivages à la fois tribaux et confessionnels — entre sunnites et chiites — ont depuis longtemps fait le jeu des groupes jihadistes. Aujourd’hui, l’Etat islamique s’est fait sa place dans ce pays aux côtés d’Al-Qaïda et se pose comme un rival de cette dernière : en juin dernier, ses combattants ont multiplié les attentats contre les Houthis, faisant plus d’une centaine de victimes.

La solution, à vrai dire, n’est pas seulement une forte cohésion à l’intérieur des différents pays atteints par le mal, elle est aussi une forte cohésion entre pays arabes qui, de façon inégale mais solidaire, sont tous concernés... On notera à ce sujet que les derniers propos du ministre émirati des Affaires étrangères, laissant entendre que son pays était disposé à s’engager au sol contre les jihadistes de l’Etat islamique en Syrie, est peut-être un signe avant-coureur que les pays arabes pourraient sortir enfin d’une attitude de passivité collective…

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