Iran : les passagers de l'Ukraine Airlines ont payé de leur vie ce dysfonctionnement…

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L'information est presque aussi retentissante que celle du drame auquel elle se rapporte : les autorités iraniennes viennent d'avouer que le crash de l'avion ukrainien - qui a fait quelque 176 victimes - est de leur fait. C'est méritoire, même si la position initiale du déni n'était pas tenable à long terme et qu'elle aurait pu avoir pour eux des retombées encore plus néfastes que celles de l'aveu.

Mais cela pose quand même des questions sur la maîtrise des technologies en contexte de tension et sur l'ampleur des dégâts que pourraient provoquer de telles erreurs si le pays se trouvait un jour doté de l'arme nucléaire.

La réponse à ces questions n'est pas que technique : elle comporte une dimension politique essentielle. En ce sens que le pouvoir iranien présente une double face : une face "normalisée" et une face révolutionnaire. Il n'est pas sûr que ce dédoublement fasse l'objet d'un large consensus auprès des Iraniens.

Il est probable, au contraire, que ce soit vécu par beaucoup d'entre eux comme une triste fatalité, qui entraîne le pays dans des conflits à son corps défendant.
Pendant longtemps, les Gardiens de la Révolution ont joué en Iran un rôle de défense réelle, parce que les menaces contre le régime étaient importantes.

Aujourd'hui, cette sorte d'excroissance au sein de l'armée iranienne est devenue comme un corps mal contrôlé, qui a tendance à perpétuer dans la région le contexte d'adversité pour l'affrontement duquel il a été créé. Et cela en dépit de la diplomatie iranienne et de ses représentants, qui aperçoivent quant à elles certaines issues à exploiter en matière de transformation du climat régional dans le sens de plus de confiance et de sérénité.

Il est peut-être délicat d'aborder ce sujet à un moment où les Américains viennent de se livrer, sur la personne d'une figure majeure de cette organisation, à une action de liquidation fort condamnable. On pourrait faire croire qu'on l'approuve. Ce n'est pas le cas.

En revanche, on se demande si le corps des Gardiens de la Révolution en Iran n'est pas de nature à jouer la carte de sa propre survie contre une évolution de la situation qui pourrait le condamner à l'obsolescence. Et s'il n'est pas prêt pour cela à agir de telle sorte que sa raison d'être soit maintenue, contre la volonté de l'extérieur, mais aussi contre celle des Iraniens eux-mêmes…

On fait souvent remarquer que le hezbollah libanais est un Etat dans l'Etat, avec sa propre armée et ses propres structures. Ce qui a pour effet, naturellement, d'affaiblir le gouvernement libanais. On ajoute ensuite que cette situation est due au soutien discret de l'Iran. On devrait dire : de l'aile politique des Gardiens de la Révolution en Iran !

Mais ce qu'on oublie de relever, c'est que ce dédoublement qu'il suscite dans un pays tiers au niveau de son pouvoir, l'Iran ne pourrait le réaliser s'il n'était pas lui-même atteint du même mal, de cette même pathologie du morcellement… Dès lors, pourquoi s'étonner qu'un certain dysfonctionnement survienne dans la gestion des situations de crise, comme en ce moment face aux Etats-Unis de Trump ?

Pour l'instant, les passagers de l'Ukraine Airlines ont payé de leur vie ce dysfonctionnement. Une des façons de leur rendre hommage est peut-être de s'enquérir des vraies causes, qui ne sont pas que techniques.

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