Quand Poutine agite la menace d’une utilisation de l’arme nucléaire

Le président Poutine a-t-il pris à témoin la communauté internationale au sujet de ce qu’il prétend être une menace contre son pays ? Nous a-t-il fait part des négociations qu’il a engagées à ce sujet, en nous laissant le loisir de constater par nous-mêmes de quelle façon il a été conduit à sa décision de dernier recours ?

Non, il nous a mis devant le fait accompli, en expliquant après coup et à sa guise. D’ailleurs, c’est au peuple russe qu’il s’est adressé, et accessoirement aux soldats ukrainiens à qui il demande de lui laisser le champ libre s’ils veulent jouir encore de la liberté de rentrer chez eux un jour.

Poutine invoque la Russie et sa grandeur pour se conduire de façon arrogante, en usant sans le dire de l’argument nucléaire à des fins d’expansion. Et ça a une double conséquence sur le monde : que la Russie, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, a perdu toute légitimité à honorer ce statut privilégié et, d’autre part, que si l’opération menée était une réussite pour Poutine, cela serait un message adressé à toutes les puissances militaires, disant qu’on peut user de la menace nucléaire aux dépens de ses voisins pour élargir son espace vital.

Donc Poutine envahit l’Ukraine et, face aux « déclarations belliqueuses » de l’Otan, ordonne la mise en état d’alerte de la force de dissuasion russe. Laquelle force est… nucléaire !

Quelles sont ces « déclarations belliqueuses » ? Je cherche… C’est sûr qu’il n’est pas félicité de ce qu’il vient de faire, mais pour qu’une déclaration justifie qu’on agite la menace d’une utilisation de l’arme nucléaire, il faut quand même avoir affaire à quelque chose de fort.

Bien entendu, il ne s’agit pas d’ignorer que l’Otan mène contre la Russie une politique d’encerclement sournoise. Et que les pays de l’Alliance ont suspendu sans raison compréhensible, et de façon unilatérale, semble-t-il, le processus de limitation de l’armement nucléaire. Mais on n’a pas vu que Poutine ait protesté bruyamment contre cette interruption.

Ce qu’on voit, en revanche, c’est qu’il tire un avantage incontestable, sur le plan politique, de son image de défenseur de la sécurité de la Russie… Si le spectre d’une attaque nucléaire - dont l’Otan serait l’instigatrice - n’existait pas, il lui faudrait l’inventer ! On ne mesure pas à quel point pareille situation le sert pour faire de lui cet homme fort vers lequel on se tourne quand tout vacille.

Mais agiter l’arme nucléaire dans ce jeu où il est au moins autant question d’asseoir son pouvoir personnel que de parer au danger d’une attaque hypothétique, c’est quelque chose que nous ne devrions pas accepter. Car c’est faire peu de cas de la sécurité des autres peuples et de la planète entière.

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