Pour moi, Misk était une radio où l'on pouvait écouter de la bonne musique sans subir la parlote de ceux qui ont des avis sur tout et n'importe quoi. Mais assez rapidement, on a senti du flottement dans sa politique, un manque de volonté dans sa manière d'affirmer ses choix... Et on pouvait comprendre qu'elle n'échappait pas à ce mal dont sont victimes tous les médias qui veulent demeurer en retrait des partis-pris politiques.
D'une façon générale, on ne sait pas dans ce pays faire de la neutralité elle-même un parti-pris fort. Et l'Etat, dont on pourrait attendre qu'il soutienne les initiatives allant dans ce sens, ne sait pas davantage soutenir : il sait manœuvrer, il sait pratiquer du dirigisme discret, ou honteux.
Il sait aussi livrer le média à lui-même et le regarder mourir de sa belle mort pendant autant de temps que durera l'agonie. Mais il n'a pas cette intelligence qui se met au service de l'indépendance, qui protège contre les pressions de l'extérieur autant que des dérives de l'intérieur. Ce n’est pas dans ses cordes.
De son côté, le secteur privé n'a pas grand-chose à offrir en termes de profils sachant allier profit et contenus intéressants. Nous payons, là encore, le prix d'une politique de développement économique qui a propulsé aux premières loges des opportunistes à la culture très superficielle, voire tout à fait inexistante.
Peu des acteurs sont capables de porter un projet d'ordre culturel qui soit réellement pertinent. Soit parce que leur seule culture est celle du profit et que le reste n'est que vernis, soit parce que les idées qu'ils se font des attentes du pays en matière culturelle sont de fausses bonnes idées et qu'ils n'ont pas le sens critique qui leur permettrait de les faire évoluer.
Résultat : le désert croît !