Le plan de paix de Trump : Une situation proche du protectorat…

Le plan de paix de Trump ayant été adopté dans ses grandes lignes, c'est sur les détails de sa mise en œuvre que s'attardent désormais les discussions. Certains d'entre eux renvoient à la suspicion que nourrit à l'égard de l'autre chaque partie : vais-je me retirer alors que les otages n'ont pas encore été libérés et que le Hamas n'a pas non plus déposé les armes ? Ne serait-ce pas de sa part une manœuvre pour reprendre haleine et regagner des positions afin de mieux relancer les combats à son profit dans un second temps ? À quoi s'oppose l'argument suivant : vais-je désarmer et me dépouiller de tout moyen de défense pendant que l'autre demeure sur le terrain, surarmé et n'ayant même plus la crainte que ses attaques contre moi puissent toucher les otages que je détenais et que je ne détiens plus ?

Mais d'autres détails, dépassant ces questions immédiates relatives au cessez-le-feu, portent sur la gouvernance du territoire de Gaza. La crainte, ici, est que l'on se retrouve finalement dans une situation proche du protectorat, où les Palestiniens ne feraient que de la figuration pendant que les actions les plus décisives seraient le privilège de parties étrangères... sous la supervision de Trump.

Il est vrai que l'un des points du Plan - le point 17 - évoque le dialogue interreligieux et la question de la coexistence entre Palestiniens et Israéliens. Il est vrai aussi que toute la philosophie du plan de paix en question semble tournée vers la mise en place d'une expérience politique à l'intérieur de laquelle la présence de l'État d'Israël puisse être vécue, non plus comme une pierre d'achoppement, mais comme une opportunité du point de vue de l'accomplissement d'un destin propre au peuple palestinien.

Il est clair, dans cette configuration, que la phase de la souveraineté palestinienne devra nécessairement être précédée par une phase de transition à l'intérieur de laquelle des éléments étrangers joueraient un rôle d'accompagnement du processus. Et que le passage direct à une gouvernance palestino-palestinienne, si elle devait satisfaire une exigence de souveraineté, ne pourrait en revanche pas assurer les conditions du changement attendu, à savoir le changement qui s'accorde avec l'exigence de coexistence.

On peut donc admettre, à titre provisoire, que l'élément étranger soit présent et qu'il joue le rôle qui est le sien dans cette sorte de période préparatoire.

Mais, dans ce cas, l'inquiétude ne disparaîtrait pas. On est tenté de dire qu'elle s'aggraverait. Car le fait de mettre à la tête du "Conseil de paix" quelqu'un comme Trump comporte de nombreux risques, et en dit long d'emblée sur le profil de ce "Conseil de paix" qui pourrait rapidement se transformer en "Conseil d'investissements" à l'usage des grosses fortunes de la région et d'ailleurs.

Que les Gazaouis partent ou qu'ils restent, ou même qu'ils reviennent après être partis, cela ne changera pas grand-chose au rôle de spectateurs qu'on s'apprête probablement à leur faire endosser, pendant que l'action de reconstruction se fera par d'autres.

À vrai dire, ce problème est bien plus qu'un détail. Et il requiert des Palestiniens en général qu'ils repensent leur propre lutte. C'est-à-dire, justement, qu'ils ne se laissent pas enfermer dans le rôle de spectateurs qu'on leur propose et que, sans nécessairement rejeter le principe de la coexistence, tout en l'adoptant même, ils prennent en main l'œuvre de reconstruction dans le prolongement de leur lutte pour la souveraineté.

Poster commentaire - أضف تعليقا

أي تعليق مسيء خارجا عن حدود الأخلاق ولا علاقة له بالمقال سيتم حذفه
Tout commentaire injurieux et sans rapport avec l'article sera supprimé.

Commentaires - تعليقات
najemeddine.mejri67@gmail.com
06/10/2025 19:30
najemeddine.mejri67@gmail.com