Est-ce qu'il y a autre chose au menu que la crise... pendant que la maison brûle ?

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Le rejet par le Parlement du gouvernement Jemli n'a pas surpris outre mesure. Ce gouvernement n'avait pour lui, en dehors de quelques figures que l'on pouvait créditer d'une réelle compétence, qu'un seul argument qui militait en sa faveur : l'urgence de l'action pour redonner au pays les raisons d'espérer en une embellie de sa situation.

On sait tous cependant, par expérience pour ainsi dire, qu'en cette matière les bonnes résolutions ne suffisent pas. Elles débouchent parfois sur une aggravation globale des choses !

Mais la raison essentielle pour laquelle le rejet n'a pas surpris est que l'architecte du projet de gouvernement n'a pas su fédérer autour de lui. Il n'a pas su rendre désirable par le plus grand nombre ce qu'il avait à proposer. Il est même allé jusqu'à conforter les suspicions à son égard.

Ces suspicions portent notamment sur sa capacité à mener la guerre contre l'évasion fiscale et la corruption - certains membres de son équipe sont sous le coup d'accusations dans ce domaine - et, peut-être davantage encore, sur son indépendance politique.

Habib Jemli, qui a fait dans le passé un passage aux affaires sous la casquette d'Ennahdha, avait à convaincre par les actes, et pas seulement par les paroles, qu'il était capable d'affirmer une réelle souveraineté de décision : il ne l'a pas fait. Ne l'ayant pas fait, il a prêté le flanc à toutes les attaques qui insinuaient que l'indépendance proclamée du gouvernement cachait une secrète mais très insidieuse soumission au parti Ennahdha…

Les raisons de se réjouir de ce rejet existent donc et sont légitimes. Mais on aurait tort de ne prêter attention qu'à elles. Il y a aussi des raisons de s'inquiéter. Et de se poser au moins la question suivante : est-ce que la configuration actuelle de notre système politique donne dans l'absolu à une majorité quelconque la possibilité de gouverner ? Est-ce qu'elle admet l'hypothèse d'une action gouvernementale forte, qui serait préservée des entraves diverses à la faveur desquelles l'opposition se retrouve finalement dans le camp des mafieux et autres rentiers obscurs d'une économie obsolète, dont le but est de faire perdurer le statu quo ?

Bref, est-ce qu'il y a autre chose au menu que la crise... pendant que la maison brûle ?

Tous ceux pour qui la seule victoire qui se puisse espérer pour ce pays est que les "ikhwans" chutent vont donc fêter l'événement bruyamment et, à notre avis, inconsidérément. L'écho de leurs réjouissances ne nous empêchera pas d'entendre ce silence de mort que suscite la béance de l'œuvre à accomplir.

Car nous n'avons aucune garantie que ce qui s'est passé ne se reproduira pas, quelle que soit la personnalité nouvelle qui recevrait la mission de former à son tour un gouvernement, et quelle que soit même la configuration du paysage politique telle qu'elle pourrait résulter d'une répétition des élections législatives…

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