La flottille qui va défier le blocus sur Gaza est partie : bon vent à elle et que la Providence l'assiste dans cette entreprise dont l'enjeu symbolique n'enlève rien à son importance. Elle laisse chez nous, comme en son sillage, un triple effet qu'il convient d'identifier et d'apprécier à sa juste valeur.
D'abord la fierté que notre pays ait servi de halte et de lieu à la fois de rassemblement et de mobilisation. Si modeste que soit cette contribution, elle aura permis de faire entendre l'écho d'un soutien : celui de la plupart d'entre nous, du moins.
Ensuite le constat que l'État tunisien, si terrible envers les voix de l'opposition, n'est capable ni de prévenir ni de répondre à des actions d'intimidation qui ont eu lieu à l'intérieur de l'espace de sa souveraineté et qui visaient les acteurs de l'expédition : ses hôtes !
Enfin, la découverte qu'il existe parmi nous des concitoyens pour qui la solidarité avec le peuple de Gaza peut être sacrifiée sans état d'âme face à la sacro-sainte quiétude à laquelle le Tunisien aurait droit et qui, pour cette raison, sont prêts non seulement à se ranger derrière le choix de la couardise de notre État, mais vont, pour certains d'entre eux, jusqu'à s'en prendre aux figures militantes de la flottille à qui ils reprochent de nous avoir attiré des problèmes.
On savait que la générosité d'âme n'est pas la chose du monde la mieux partagée : on ne peut s'empêcher d'être effaré de l'abîme que creusent dans l'humanité les cas où elle n'a rien d'autre à proposer que la laideur de son néant.
N.B : Le départ de la flottille a été retardé : l'information de ce report ne m'était pas parvenu au moment où j'écrivais ce post. Mais les enseignements à tirer de son passage chez nous restent globalement inchangés.