Quel est l'avenir constitutionnel de ce pays ? Il est clair que la Constitution actuelle, œuvre d'un seul, et dont on voit chaque jour à quel point elle est impuissante à nous protéger d'une dérive dans l'injustice la plus criante, n'est pas à conserver.
Mais devons-nous nous contenter de revenir à la précédente ? Il est vrai que celle-ci a bénéficié pour son élaboration de longs et houleux débats entre les différentes "sensibilités" du pays, comme on dit. Mais cela ne l'a pas empêché, ni de laisser le président élu s'emparer de tous les pouvoirs, ni de sombrer elle-même dans l'oubli sans que le peuple ne s'en émeuve outre mesure.
Ce n'est pas un problème mineur qui pourrait se résoudre à travers quelques retouches du texte.
À moins de considérer que ces retouches doivent à leur tour donner lieu à de longs et houleux débats. Or si l'on veut que ces débats débouchent sur une réelle appropriation par le peuple de la solution à trouver, il faudra sans doute considérer le fait que l'implication des différentes "sensibilités" politiques ne suffit pas.
... À moins de considérer que les sensibilités politiques en question, au lieu de jouer le rôle de forteresses idéologiques dressées les unes contre les autres comme cela a été le cas jusqu'ici, se changent en moyen pédagogique ayant pour objectif principal de : faire aimer la Constitution !
Ce qui suppose que, de son côté, la Constitution ne soit pas un texte dont le souci est d'être surtout irréprochable aux yeux des experts du droit, mais que ce soit un texte susceptible d'être aimé. Comme on aime un poème.