Trois petites choses sur le complot…

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D'abord, il y a du complot. De la même façon que lorsqu'on fait croire au corps--par le vaccin--qu'il subit une vraie attaque et qu'il doit donc rapidement produire la réponse immunitaire appropriée, alors que cette attaque est fictive, il est concevable que l'on agisse selon cette même démarche quand il s'agit d'une société, voire de l'ensemble de la communauté humaine. À l'heure de la globalisation, cela ne serait pas dénué de sens.

Et bien sûr, si l'on admet cela, on doit admettre aussi que l'homme puisse se conduire en apprenti sorcier et, comme Faust, se prendre au jeu de sa propre puissance face au monde…

Ensuite, il y a de l'extrapolation à partir de la possibilité du complot. Ce qui signifie que même là où l'humanité tente de répondre à une situation périlleuse qu'elle n'a pas créée, on peut toujours affirmer que c'est le contraire qui est vrai, que la spontanéité de la réaction est mimée, et que tout relève d'une mise en scène orchestrée.

L'extrapolation obéit à une tentation puissante, qu'elle dissimule en concentrant l'attention sur ce qu'elle prétend dénoncer. Cette tentation, c'est d'échapper à la réalité du hasard, au fait que, malgré tout, nous demeurons, nous les humains, livrés à la contingence des événements.

À la béance de notre destin sur terre. Mais c'est également, et peut-être surtout, la tentation de la puissance : apparaître comme celui qui a déjoué le stratagème et qui, par conséquent, est plus fort encore que Faust lui-même.

Enfin, il y a du complot qui compose avec la contingence des événements. Qui fait comme si cette contingence était en réalité quelque chose de voulu, pour mieux la reprendre à son compte et finalement la contrôler. L'image est ici celle du cheval qui s'emballe et qu'on veut calmer. Pour le calmer, il faut lui faire croire que son emballement est voulu par nous.

Ce qui suppose qu'on pousse son emballement au-delà du point auquel il l'aurait lui-même fait parvenir. C'est à la faveur de ce passage de témoin quant à l'initiative de l'emballement que l'on peut ensuite amorcer l'apaisement. Cette stratégie du "comme si" n'enlève rien au caractère imprévu et imprévisible de l'événement.

Elle suggère seulement que pour affronter un danger globalement, il faut se placer dans le scénario de celui qui l'aurait suscité et qui serait en mesure de le porter à son niveau maximum : faire comme si ce qui ne dépend pas de nous dépendait de nous !

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