Nos pauvres routes

L’état de nos routes est sujet à deux types de dégradation : la première est matérielle, par les affaissements et les crevasses que personne ne vient réparer, si importantes que puissent en devenir parfois les proportions. La seconde est immatérielle et échappe souvent à l’observation.

C’est par exemple une ligne continue d’une longueur interminable et en rase campagne à un endroit où il y a un semblant de pont, qui ne pose pourtant aucun problème de visibilité dans les deux sens mais voilà, en adeptes des traditions, on continue d’interdire le dépassement en mémoire des temps anciens où les ponts étaient voûtés.

C’est une limitation de la vitesse à 50 km/h à un endroit où il n’y a ni école ni village, mais où un ferrailleur — qui a décidé d’occuper du terrain sur les deux parties de la route — aimerait pouvoir circuler tranquillement pour les besoins de son business… On en a un exemple éloquent non loin de la localité de Sidi Othman, dans le gouvernorat de Bizerte. C’est à l’inverse un panneau de limitation de vitesse qui n’a pas été déplacé pour tenir compte de l’extension urbaine d’un village.

Bref, c’est toute cette incohérence qui nous rappelle que ceux qui président à la règlementation de notre espace routier font étalage de leur incompétence, de leur mépris de la sécurité des personnes, tout en donnant l’impression — fondée ou non, peu importe — qu’ils ont cédé aux pressions dans les choix qu’ils ont fait…

En tout cas, il en est qui ne s’en plaindront pas. Il s’agit de nos braves agents de la circulation, pour qui ces panneaux installés en dépit du bon sens sont souvent une aubaine, l’assurance de verbalisations faciles et rapides, pour peu qu’il y ait une bonne planque. Mais cela, bien entendu, n’enlève rien au fait qu’on soit effectivement en présence d’une forme de dégradation : au contraire !

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