La paix qui voudrait reposer sur le fait accompli du viol des populations palestiniennes est un leurre…

Quelle que soit l'issue de la guerre engagée, il est des questions fondamentales auxquelles nous devrons nous confronter un jour en dehors de tout esprit de clan. Après tout, l'héritage musulman lui-même nous assigne à l'obligation de dépasser les limites du clan, quel qu'il soit, pour viser l'universel dans nos réflexions et nos analyses des situations. A défaut de quoi, nous ramenons cet héritage vers ce contre quoi il s'est insurgé en son commencement, à savoir la logique régionaliste de la tribu qui oppose entre elles des prétentions territoriales, qui organise le choc des conceptions religieuses et de la segmentation du monde…

Une des questions à poser est la suivante : y a-t-il une quelconque légitimité pour les Juifs à se donner un foyer en terre de Palestine ? Notons tout de suite que cette question n'enlève rien à la légitimité, voire à la sacralité de la lutte des Palestiniens en vue de reconquérir les terres qui leur ont été confisquées. Car, dès lors que ce foyer s'est créé sous le signe du massacre des populations et de la confiscation des terres, qu'il s'est poursuivi à travers les exactions et la poursuite des colonisations en dépit des accords conclus, le devoir est de résister d'abord, de repousser ensuite et de restituer enfin ce qui a été arraché des mains dans la violence. La paix qui voudrait reposer sur le fait accompli du viol des populations palestiniennes est le leurre de tous ceux qui s'imaginent, en s'égarant, que l'on peut construire des avenirs communs en se contentant des cacher les blessures. Car il n'y a pas de paix tant que les blessures sont simplement recouvertes d'un voile d'oubli : elles doivent être guéries.

Mais en supposant que cette violence n'ait pas eu lieu : pouvait-on concevoir que les Juifs se créent un foyer en terre de Palestine et qu'ils le fassent en concertation avec les populations arabes, comme c'était d'ailleurs l'idée de certains sionistes des premières heures ?

Il faut remarquer que le partage d'une même terre par deux peuples peut difficilement se réaliser si l'un des deux prétend se donner un foyer qu'il conçoit comme un refuge face aux persécutions dont il se pense l'objet, non pas seulement de la part de certains peuples en particulier, mais de tous les peuples.

L'impératif de sa propre sûreté et la priorité absolue qui lui est accordée tend à placer le peuple avec qui le partage de la terre doit se réaliser dans le rôle de l'ennemi potentiel. Les Juifs ne s'en rendent peut-être pas assez compte, malgré les intellectuels de haute volée qu'ils comptent dans leurs rangs, mais il n'y a pas seulement incohérence dans le fait de parler à la fois de partage et d'impératif prioritaire de sécurité : il y a création d'une source d'hostilité.

Quelle est cette sagesse qui dicte de s'assurer les conditions d'une existence paisible et qui commence par faire de son voisin un ennemi à mort ? Quelle est cette sagesse qui veut se donner la paix en semant les germes d'une guerre dont la fin ne pourrait survenir que par l'élimination totale de l'un des deux belligérants ?

Mais supposons là encore que les épreuves subies ont pu amener le Juif à s'abuser lui-même en s'engageant dans des voix qu'il croyait être de salut alors qu'il s'agissait d'impasses, et faisons comme si le bon sens avait prévalu : y avait-il légitimité à créer un foyer ?

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