De la légitimité de l’action politique chez l’Elite politique tunisienne

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Dans un essai préalable de comprendre la spécificité tunisienne en matière de légitimité de l’action politique chez l’Elite politique par rapport à la population, j’ai fini par considérer – pour simplifier–qu’il y a eu des références variables en fonction de la configuration des rapports de forces, mais aussi des intérêts politiciens.

Sans revenir aux détails des événements, il suffit juste de se rappeler les légitimités :

(I) De la Rue,
(II) Du Militantisme,
(III) Électorale,
(IV) De la Constitution,
(V) De la performance dans la gestion des affaires publiques,
(VI) Du Dialogue,
(VII) Consensuelle, et
(VIII) De compétence présumée (les technocrates).

Cet espace à géométrie variable a fait que la dynamique des coalitions fragiles et la mobilité de l’Elite politique à travers les partis, les faisaient référer à l’une ou l’autre de ces légitimités en fonction d’objectifs au moins de court terme.

Ainsi, on trouve des partis nouvellement construits et des mouvements à peine installés acclamer aussi l’une de ces légitimités, alors que d’autres s’en attachent à un autre type.

Au cours des années 2012-2014, les antagonismes de légitimités ont atteint leur apogée. Cependant, il serait possible de mener une analyse en composante principale et identifier ‘’la légitimité principale’’, celle en vogue, adoptée par la majorité des 207 partis, et dotée du poids le plus important.

Les tensions autour de la légitimité ont diminué lors du quartet au pouvoir et les années suivantes (2015-2018), où le ‘’Consensuel’’ a presque dominé même le ‘’Constitutionnel’’.

Durant cette période, de nouvelles tendances plutôt populistes ont émergé, mais semblent encore dans la première phase en puisant essentiellement dans la légitimité de la Rue.

Je crois que cette démarche n’aura pas d’issue car révolue, surtout lorsque j’entends parler aujourd’hui d’une légitimité additionnelle, celle ‘’Morale’’ !

Je crois aussi, que tant que les institutions constitutionnelles ne se présentent pas comme une urgence vitale pour la stabilité de la ‘’légitimité’’ et donc pour la démocratisation, les portes demeurent toujours ouvertes aux spéculations.

Des ''cycles de conscience collective''

J'ai comme l'impression qu'il y a des ''cycles de conscience collective'' à l'égard des mêmes questions communes, qui se reproduisent à l'identique sans qu'il y ait un saut substantiel de cette même conscience vers un nouveau palier, celui de l’exercice et la réalisation.

Par exemple, depuis une dizaine d’années, nombreuses étaient les voix qui avaient annoncé l’intérêt en faveur des questions du développement régional, ou le risque de l’insoutenabilité de la dette, ou l’aspect déterminant de la réforme du système éducatif, ou le respect des règles de droit pour consolider la démocratie, ou l’établissement urgente des instances constitutionnelles.

Cependant, en ce moment l’intérêt étaient orienté vers d’autres considérations et l’entrée glissante, car risquée de non-sortie, dans le gouffre de la ‘’terminologie’’ liée à un ‘’nouveau modèle du développement’’, à ‘’l’identité des tunisiens’’, à l’évaluation souvent arbitraire des équipes gouvernantes.

Ceci fait perdre de vue l’importance des questions du développement et de la consolidation du processus de démocratisation. Une fois cette phase du cycle dépassée, l’intérêt momentané d’une nouvelle vague d’acteurs aux anciennes questions collectives reprend de rigueur !

On observe ce phénomène de manière événementielle : les inondations de 2017, l’accident meurtrier des ouvrières agricoles en 2018 ; le blacklisting de la Tunisie par l’UE, et j’en passe.

Ces cycles sont observés à travers les périodes et mêmes les générations. Outre le fait communément admis selon lequel dans toutes les sociétés seulement une minorité voit plus loin que la majorité, si la vision de ceux-ci s’avère pertinente dans la réalité, tout le monde suit ; ce qui n’est pas vraiment le cas chez nous.

Je crois qu’il y en a au moins quatre raisons. La première est que le consensus entre parties prenantes, si vital soit-il en temps de transition, devrait être envisagé autour des questions du développement et non autour du mode de gouvernement qui n’en est qu’un outil.

En fait, c’est une arme à double tranchant. En cas d’échec du consensus autour du mode de gouvernement, la conscience collective à l’égard des questions du développement baisse.

La deuxième raison est le manquement d’une partie de l’Elite intellectuelle à sa mission originelle d’approfondissement de la compréhension des questions collectives. Au contraire, certaines Élites intellectuelles s’étaient engagées dans les frictions marginales et les questions secondaires, et souvent dans des positions de parti-pris, majoritairement non-fondées ; ce qui n’aide pas à maintenir la conscience collective indépendamment des fluctuations des événements politiques et sociaux.

La troisième raison est la non-réalisation concrète par les décideurs de quelques objectifs de développement, sachant que chaque équipe en a aussi ses raisons. Outre la dégradation du capital-confiance de la classe politique qui en est la conséquence immédiate, cela a ouvert la voie à la montée de nouvelles tendances populistes et un risque de retour de manivelle contre les quelques acquis de la transition.

La quatrième raison, est le refus de quelques médias de s’élever à hauteur des prérogatives de la transition. Que l’on reconnaisse que certains ont créé – de rien– des personnages influents, dans une dynamique douteuse d’industrie de l’opinion sur fond de recherche de la rente et de blanchiment de la corruption.
Tout ceci semble évident, mais c’était juste pour l’histoire.

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