Hormis l'événement principal, à savoir la guerre contre la Palestine.

Lorsqu’un économiste évoque le terme "La décennie perdue" pour parler du cas tunisien 2011-2023, cela sous-entend :

(1) Un consensus établi entre scientifiques sur la base de multiples travaux conduisant majoritairement à une conclusion de « Perte » comme en Amérique Latine où le terme « La Década Perdida » est devenu la marque de la crise des années 1980, et "The Lost Decade" au Japon (1993-2003), juste après l'éclatement de la bulle spéculative et la non-cohésion institutionnelle entre la Banque du Japon réclamant l'indépendance d'une part, et les multiples gouvernements, n'ayant pas réussi à stabiliser l'économie d'une autre part. Ces deux décennies "perdues" ont donné naissance à des tonnes de travaux académiques. Ceci n'était pas le cas en Tunisie. Les travaux scientifiques sont peu nombreux et controversés.

(2) La décennie a été si véritablement perdue, à l'époque où des alternatives viables étaient déjà prêtes mais n'ont pas été adoptées pour des raisons autres que rationnelles, ou aussi pour cause de force majeure, que le terme "Décennie perdue" soit devenu un point de départ évident pour construire une vision ou donner une opinion. Actuellement, une alternative viable serait le résultat d’un travail collectif.

En Tunisie, aucune alternative viable n'a été proposée depuis que les faux problèmes mal posés ont investi l'espace public; si ce n'était des réflexions inachevées ici et là.

Faute de (1-2) ci-dessus, soit le cas tunisien, la référence à une "Décennie non perdue" serait nécessairement antérieure à celle en cours (à la lumière de la méthode du « Prix de référence », pour ceux qui aiment l'évaluation des projets publics). En l’occurrence, ceux qui balayent d'un revers toute la décennie "2011-2023" en la considérant comme « perdue », expriment forcément leur désarroi face au renversement de l’ancien régime.

Or, elle n'est pas si perdue que ça ! puisque :

(1) elle a montré la naïveté de l'élite intellectuelle (au sens de Pareto, au moins), si elle existe,

(2) la fragilité de la société civile,

(3) l'enracinement des groupes de pression captant la rente depuis des décennies,

(4) le manque de préparation de la nouvelle classe politique à gérer le pays,

(5) la puissance des médias dans le façonnement de la conscience collective,

(6) le pouvoir de l'idéologie comme contrainte au progrès, et surtout

(7) l'insouciance de la majorité des Tunisiens qui n'ont jamais adhéré effectivement à un quelconque projet de société.

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