Au-delà du ‘’B2’’ avec perspectives stables : bonne nouvelle en soi, mais ce n’est ni le salut ni un nouveau verdict…

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L’histoire des agences de notation remonte au début du siècle dernier quand des sociétés d’évaluation de la qualité des prêteurs et emprunteurs s’étaient installées aux USA. Leur mission payante consiste à éclairer les créanciers sur la décision de prêts qu’ils offrent ainsi que sur leur sort. L’action de ces dernières s’était élargie dans le temps au fur et à mesure de l’élargissement des activités des entreprises sur une base géographique de plus en plus mondialisée.

Nombreuses soient-elles, les agences opérant à l’internationale s’étaient réduites pour se compter sur les doigts d'une main. Elles adoptent presque les mêmes outils quantitatifs et qualitatifs d’évaluation et de prévision, formant ainsi un oligopole, dont Fitch, Standard & Poor’s et Moody’s en sont le noyau.

Vraisemblablement coopératives entre elles rien que par l’information, leur poids et influence s’élèvent à mesure des crises financières cycliques. En effet, elles coopèrent pour éviter l’asymétrie d’information et minimiser son coût. De cette manière, les taux d’intérêts débiteurs sur tous les marchés financiers sont différentiés à la lumière d’une différentiation de notation décrétée par ces agences.

Ainsi, le spread est majoré d’une prime de risque (connue d’avance) aussi élevée que la notation est faible. Le marchandage sur le marché financier lors de la levée de fonds perd alors de signification.

Ceci est un fait. Mais, ces agences n’étaient pas sans être épargnées de critiques et de réactions surtout de la part d’Etats, mais aussi d’académiciens. Les premiers ont souvent dénoncé ‘’le manque d’intégrité’’ de ces agences comme c’était le cas du Trésor américain quand il a dénoncé le "manque d'intégrité" de S&P, quand celle-ci a dégradé le pays en 2011. Aussi, Sarkozy a dénoncé ‘’ le spectacle indécent’’ dit-il en 2012 face à la dégradation de le France en 2012 par S&P.

Pour les seconds (les académiciens), ces agences :

(1) Ne font pas de l’analyse macro-économique proprement dite pour mettre à nu la fragilité/résilience structurelle de l’emprunteur, autant qu’elles se limitent à vérifier l’état des lieux des équilibres macro-économiques comptables, apprécient leur soutenabilité (solvabilité de l’emprunteur) et en prennent en compte les principaux.

(2) Ne se basent pas sur des séries temporelles longues pour leurs prévisions, et ont toujours tendance à tomber dans la trappe des ‘’Anticipations auto-réalisatrices’’ évoquées par Stiglitz à leur encontre.

En fait, il s’est avéré que les notations livrées par ces agences n’étaient pas sans effet sur les crises financières elles-mêmes. L’exemple de la faillite de plusieurs institutions financières, depuis les années 70’s, à la suite de notations et de recommandations offertes par certaines agences en est une illustration, mais a aussi semé le doute sur leur indépendance.

L’histoire indique que certaines ‘’notations manquant de précision et de rigueur’’ ont été reconnues par leurs agences émettrices, et certaines autres ont subi le paiement de dommages, ou traduites en justice.

De toutes les manières, Moody’s a gardé la notation au grade du bas de l’échelle de ‘’B2’’, voulant dire au 2è rang de la classe dite ‘’ Très spéculative’’, qui en comporte 3, et qui se situe à la 15è place sur 21.

Selon le rapport de Moody’s d’hier, cette note reflète :

(1) Un risque élevé de vulnérabilité externe, mais en même temps,

(2) la force relative des institutions et le potentiel de retour de la croissance. Par ailleurs, la stabilité des perspectives reflète la stabilisation de la balance des paiements et le fardeau de la dette que Moody's s'attend à ce que le resserrement de la politique monétaire stabilise la monnaie et la politique budgétaire demeurera prudente.

Mais en même temps, Moody’s ne néglige pas les facteurs d’une future dégradation au cas d’un glissement du déficit ou resserrement des conditions du crédit international, comme dans le cas d'une longue paralysie politique ou de l'incapacité de former un gouvernement qui retarde la mise en œuvre des réformes de l'environnement fiscal et commercial décrites.

A mon humble avis, au vu :

(1) des critères assez discutables de l’analyse de vulnérabilité et de solvabilité adoptés par Moody’s pour la note souveraine de long terme de la Tunisie,

(2) des coûts élevés en termes de croissance, d’emploi et d'accès au crédit, mais aussi d’insoutenabilité de la dette publique, ayant permis la réduction du déficit public (comptable) et l’amélioration des réserves de change,

(3) la baisse de la croissance potentielle,

(4) l’arrêt des réformes nécessaires, voire leur inexistence.

(5) la paralysie des institutions politiques et le risque de ce que ça se prolonge encore, je crois que l’essentiel n’a pas encore été fait.

Dans ce cas, rien ne vaudra mieux :

(1) qu’une classe politique consciente des risques que pourrait courir le pays,

(2) qu'une mobilisation de toutes les ressources autour de l’intérêt collectif, et ce pour renverser réellement la vapeur.

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