Concernant la situation actuelle autour du souk d'Eljem

Concernant la situation actuelle autour du souk d'Eljem, comme suite à l'initiative collective du Camour en 2016, je pense que le problème doit être posé différemment.

La montée évidente de l'informalité dans le pays ces dernières années appelle quelques commentaires. Les ministres du Commerce successifs (comme M. Mohsen Hassan, par exemple, et sa taxe de 20 dinars à l'entrée dans le secteur formel, restée lettre morte), soutenus au moins implicitement par des parties prenantes, telles que l'UTICA, dans une myopie totale de l'UGTT, n'ayant pas une conception claire sur sa défense des employés formels ou de la Force de travail du pays (cela nécessite des développements complémentaires, liées à l'Économie Politique dans sa dimension de l'Économie Institutionnelle), n'ont jamais compris que l'expansion de l'informalité n'est pas une désobéissance à l'État.

Il s'agit d'un phénomène fondamentalement sociologique et même culturel, ancré dans l'histoire des cent dernières années de la société tunisienne et dans sa relation tendue avec l'institution étatique. Par conséquent, combler le fossé avec des demi-mesures visant à transformer mécaniquement le secteur informel en secteur formel est une cause perdue. Il s'agit d'une question de développement déjà diagnostiquée depuis les années 50 et suivantes (Lewis, Fei-Ranis, Jorgenson, Todaro, etc..).

Les autorités politiques semblent ignorer que, si le secteur informel absorbe les dépenses publiques, ne contribue pas aux recettes fiscales et freine la croissance globale du PIB, sans évoquer la niche potentielle de corruption qu'il permet, il est - par sa résilience- également mieux préparé à absorber :

(1) Les chocs externes, du taux de change, des termes de l'échange et du taux d'intérêt,

(2) la main-d'œuvre qualifiée (licenciée) du secteur formel, tout en préservant – si peu que ce soit – ses compétences, menacées d'érosion. Notons que la prime du marché noir est prise comme une référence de politique d'ajustement du taux de change (Rodrik)…

Sans défendre son statut et les mécanismes sous-jacents de la dynamique de sa reproduction, le secteur informel se présente aussi comme un réservoir de « l'armée de réserve industrielle » de Marx. De plus, en tant que vecteur de stabilisation sociopolitique, il donne l'exemple de l'autosuffisance (pas d'accès au financement institutionnel, ni aux services de santé publique, ni aux caisses de retraite, ...).

Ainsi, représentant environ 45 % de l'emploi et 35 à 45 % du PIB, le considérer simplement comme une activité « illégale » revient à mener une guerre peu légitime (puisque les services publics ne bénéficient pas à tous les Tunisiens de manière égale, spatiale et sectorielle et même par groupe de pression, et corporations) contre près de la moitié des acteurs économiques effectifs, et donc de la population.

Je crois qu'il s'agit d'un faux problème qui surgit souvent à un moment inopportun. Par conséquent, résoudre ce problème structurel et multidimensionnel nécessite des solutions structurelles et multidimensionnelles, et non des solutions simplistes fondées sur la myopie du « bon sens ».

Enfin, l'instinct de survie l'emporte sur toute autre logique.

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