Il n’y a pas de "recettes pratiques universelles"

Suite à une discussion avec un ami économiste sur les effets de la politique (monétaire, budgétaire) sur le taux de change en Tunisie, j’ai défendu mon opinion qu’il n’y a pas de "recettes pratiques universelles" telles que prônées dans certains propos en public, car non seulement les mécanismes sous-jacents s'enchevêtrent, mais aussi les modèles théoriques - dans le contexte précis des pays en développement (PED)- servent de repères en attente de validation .

Les points de vue standards considèrent qu'une politique monétaire restrictive – sous certaines conditions- conduit à une appréciation de la monnaie locale. En fait, un taux d'intérêt plus élevé rend les actifs nationaux attractifs par rapport aux actifs étrangers et accroit la demande d'encaisses réelles locales (cas actuel aux USA). Cependant, pour les pays en développement , ces effets ne sont pas si évidents au vu d’anomalies structurelles.

À part certains pays comme par exemple le Brésil, le Mexique ou le Chili, avec des réserves de change assez soutenues mais des régimes de change flexibles, dans la majorité des pays en développement, plusieurs modèles empiriques montrent que les monnaies nationales ont tendance à se déprécier en raison d'une politique monétaire restrictive.

Quant à la politique budgétaire expansionniste (augmentation des dépenses publiques ou baisse des impôts), elle conduirait à une appréciation de la monnaie nationale par son action positive sur la demande globale et les prix, incitant ainsi la banque centrale à resserrer.

Cependant, les validations empiriques de cette prédiction ne sont pas unanimes. En fait, une telle politique fait baisser le prix relatif des importations et déprécie le taux de change réel. Or, l'empirisme montre que dans les pays en développement , le taux de change réel s'apprécie en réponse à une augmentation de la consommation publique. À cette fin, et mis à part le fossé entre l'objectif annoncé et celui poursuivi par la banque centrale, les banquiers centraux – indépendants au moins de jure- dans les pays en développement ne cessent souvent de lancer la balle dans le camp du gouvernement en lui demandant de se serrer la ceinture…

Ceci est pour dire que la réponse exacte a la question de l'effet des politiques macro en Tunisie sur le taux de change pour des fins de prévisions ne pourraient être qu'empiriques, bien que les taux de change nominal et réel (par rapport au $ et l’€) aient pris une tendance à la baisse, soutenue depuis 1986, en passant par tous les épisodes successifs de Réformes, de Gouvernements, de générations et même de Républiques.

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