À Ahmed Ben Salah : la Tunisie reconnaissante.

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À Ahmed Ben Salah : la Tunisie reconnaissante.

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Ahmed Ben Salah est parti après avoir été le témoin de l’essentiel de l’histoire politique moderne de la Tunisie. Il a vécu l’avant-indépendance, la lutte nationale, l’indépendance, la construction, l’exil, le retour.

Une longue vie de grandes réalisations et d’immenses souffrances. Il est réconfortant de voir qu’il est parti entouré de l’affection de la plupart des tunisiens qui, de presque toutes les sensibilités politiques, lui ont rendu hommage.

Ahmed Ben Salah était un gentilhomme, un honnête homme, un homme de convictions et de cœur, pénétré des valeurs humanistes de la gauche.

C’est à lui que nous devons et non pas à Bourguiba, son tourmenteur et persécuteur, les petites voies vicinales de l’arrière campagne, les dispensaires les plus reculés et les plus éloignés, les petites écoles « du bout du monde » et les quelques foyers industriels.

Il est dommage que sa voix nous ait manqué pendant la révolution alors que « sa famille », la triste gauche de maintenant, pactisait avec la réaction et s’enivrait de stériles et vaines haines idéologiques.

Ahmed Ben Salah laisse un immense vide celui de la gauche sociale, un terrain déserté par la gauche et abandonné à tous les populismes, celui précisément qui attend d’être peuplé.

Paix à l’âme du disparu, son souvenir restera.

Mokhlès Marzouki



Ahmed Ben Salah : un modèle de probité

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Avec la disparition de Ahmed Ben Salah c'est un pan entier de notre histoire contemporaine qui resurgit.

Concentrant l'essentiel des portefeuilles ministériels durant la décennie des années 60, l'homme politique, modèle de probité et dont la carrière a été vouée au service public a été lâché par Bourguiba en 1969, à cause de son dogmatisme en faveur de la collectivisation.

Enfant, je me souviens d'une anecdote le concernant qui m'avait marqué. Lorsqu'il a été jeté en prison au début des années 70, il n'avait sur son compte bancaire que la somme de 300 DT, l'équivalent de 5 Smig de l'époque…

C'est tout dire sur le personnage.

Fayçal Bekri



Adieu Sid'Ahmed Ben Salah….

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La première fois où je l'ai rencontré, c'était à Paris, un 26 Janvier 1983, à la mutualité, Boulevard Saint-Michel, à l'occasion d'un meeting organisé par les opposants Tunisiens vivant en exil pour célébrer (façon de parler) le cinquième anniversaire des évènements tragiques du 26 Janvier 1978.

Nous eûmes un échange assez vif, je dois dire, puisque nos opinions divergeaient concernant l'expérience collectiviste des années soixante, lui, têtu, obstiné, m'exposait les raisons de cet échec, le lâchage dont il fut victime, les cabales et les campagnes de dénigrement conduites par le clan des cinq qui le visèrent en 1967(Béchir Zarglayoune, Haj Soula, Ali Ourak, Hassène Belkhoja et Oudherni ou Ouderni ,j'ai oublié), je lui reprochai son manque de discernement, ses choix discutables, la violence institutionnelle qui accompagna l'instauration du "coopérativisme"calqué à l'époque sur le modèle Yougoslave de Tito….,le manque de pédagogie dans l'approche politique et économique…J'avais insisté sur le fait que cette expérience , indépendamment des facteurs qui concoururent à son échec, méritait un bilan objectif et une autocritique….

Lui, farouche, me répondait que Bourguiba n'y croyait pas vraiment et que l'expérience avait été volontairement sabotée par la haute et moyenne bourgeoisie et les grands propriétaires terriens, les féodaux, comme il les appelait…Par ailleurs, il estimait qu'il fut un pionnier et que ses résultats plaidaient en sa faveur dans les secteurs de l'éducation nationale, de la santé publique, du tourisme, de l’industrie….

S'il osait une autocritique, c'était pour affirmer qu'il aurait dû commencer par ceux d'en-haut, justement ceux qu'ils accusent d'avoir saboté sa politique de collectivisation….

L'homme est très attachant, extrêmement désintéressé et habité par ses idées, il fut et pendant longtemps, lors de son exil, un conseiller très précieux du chancelier autrichien Bruno Kreisky, de Boumediene, et il était très apprécié par la plupart des gouvernements scandinaves….

Adieu Sid'Ahmed, grand bonhomme dont la lucidité, en dépit de son âge avancé, était exceptionnelle….

Chiheb Boughedir

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