Décès de Hichem Djaït....Ce que retiendra l'histoire…

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Elle retiendra qu'il fut un immense penseur, un vrai intellectuel, un contestataire à sa façon: discret mais incisif dans ses analyses et ses critiques, mais ce que l'histoire retiendra surtout et ce que ses nombreux ouvrages ont déjà immortalisé : c'est que ce grand parmi les grands a été volontairement rapetissé par deux dictatures , l'une soi-disant éclairée et l'autre totalement analphabète...Il était sans doute trop indépendant et trop digne pour accepter d'être le courtisan d'une meute d'illettrés…


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Quand la Tunisie perd l'un de ses plus grands penseurs

Quand la Tunisie perd l'un de ses plus grands penseurs, plébiscité par ses écrits, son audace intellectuelle et son indépendance d'esprit, on ne peut avoir que de la compassion, de la pitié envers ces petits, très petits scribouillards stipendiés pour faire l'éloge des tyrans et des despotes...On ne peut être que discrètement cynique envers ces universitaires mesquins et ces penseurs à la petite semaine qui ont incontestablement brillé par leurs flatteries disgracieuses et par leur propension à être les bouffons du roi....

La clique des thuriféraires de l'ignorance, de la soumission et de la servitude a été et demeure jusqu'à aujourd'hui une insulte à l'intelligence du Tunisien et une offense au bon sens.

La Tunisie aurait pu et aurait dû avoir mille Hichem Djaït si elle n'avait pas été gouvernée par l'ignorance, la couardise, l'opportunisme et et tout ce qui est de nature à rapetisser la dignité humaine pendant soixante ans.

Aux grands hommes la patrie reconnaissante....

Incapables de les célébrer de leur vivant, incapables de leur rendre un hommage à la hauteur de ce qu'ils furent quand ils nous quittent, incapables d'honorer leurs mémoires comme il se doit....

L'ingratitude s'expliquait jadis par le fait tyrannique puisqu'il était insupportable au tyran que quelqu'un le dépassât d'un pouce et qu'il fût plus grand que lui…rapetisser les grands était un sacerdoce chez les tyrans et leurs courtisans....

Aujourd’hui, elle s'explique par l'indifférence ou dîtes plutôt le mépris à l'égard de tout ce qui est inhérent au savoir, à la connaissance et aux lumières de l'esprit....


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Le JT de vingt heures consacre 4 minutes à Djaït, 4 minutes muettes, où l'on voit défiler des images sans jamais entendre sa voix...Ailleurs, là où on arbore une grande fierté d'avoir un Hichem Djaït...on aurait invité quelqu'un pour en parler et le présenter aux jeunes générations, on aurait diffusé des extraits de ses interviews, on aurait organisé un débat autour de son œuvre et de sa pensée....

Ailleurs, mais pas ici, car ici, on rend hommage aux sous-fifres, aux lampistes, aux chahuteurs, aux pétroleuses, aux crétins, aux chanteurs de cabaret, aux escrocs, aux mafieux, aux « mzéoudis », aux rappeurs, aux cocaïnomanes, aux nymphomanes, aux soubrettes et aux catins mais pas au savoir...Les 23 ans d'ignorance et de banditisme de Ben Ali n'a produit qu'une seule forme d'intelligence en Tunisie : celle liée à la délinquance....

رحم الله هشام جعيط و أسكنه فراديس جنانه.

Chiheb Boughedir



Hichem Djaït : les aubes surviennent sans crier gare, contre toute attente.

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À chaque fois qu'il m'arrivait de penser à la question de l'intellectuel sous nos latitudes, c'est la figure de Hichem Djaït qui s'imposait à mon esprit.


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Sans doute pour cet alliage dont est faite son intelligence, en vertu duquel la fidélité à une tradition se conjugue à une indépendance sans concession.

Si l'intellectuel devait demain occuper chez nous une place plus prépondérante, je ne doute pas que Hichem Djaït y aura contribué grandement, en montrant la voie, en affirmant un style.

Raouf Seddik



Et si Hichem Djaït avait vu juste.

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Ce géant de la philosophie, et de la pensée islamique, ce géant tout court, dont s'honore tout tunisien de par son rayonnement universel, n'a-t-il pas fait paraître chez Gallimard, s'il vous plait,( pour les connaisseurs cet éditeur, est l'équivalent de la Rolls Royce, dans le monde de l'édition), La grande discorde, une œuvre d'anthologie qui l'a propulsé au firmament du club des islamologues qui comptent, tels Mohamed Arkoun, Maxime Rodinson, Jacques Berque ou Abdelmajid Charfi, sans oublier bien sur le regretté Mohamed Talbi.

Si l'œuvre de Djaït traite de la crise majeure sous les califats de Othman et Ali, et les rapports du politique et du religieux dans l'Islam des origines, d'aucuns ont fait le rapport avec ce que nous vivons aujourd'hui, avec cette nébuleuse aux tentacules évanescentes.


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Plusieurs niveaux de lecture, nous sont proposés, par Djaït : Peut-on fonder une légitimité laïque en terre d’Islam ? Les luttes de faction et le déchirement de la Oumma sont-ils inéluctables ? Bref l'éternel questionnement auquel chacun apporte son point de vue.

Djaït auquel le journal La Presse vient de consacrer cette semaine, une page entière (interview accordée à Hedi Abdellaoui), balaie d'un trait les amalgames tentés par certains prêcheurs en eau trouble : "à ceux qui se lancent dans des idéologies islamistes, laïcistes ou gauchistes (clin d'œil à Ridha Lénine), je rétorque que ces choses sont dépassées, et ne correspondent, ni aux spécificités tunisiennes ni à l'état du monde actuel", et toc !

Et vlan à la face du gourou, qui nage avec ses adeptes, en plein désarroi… existentiel, avec des vents contraires en sus.

Qui a dit que le naufrage est imminent

Séjir Chebil

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