Le trompe l’œil et l’illusion…

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Le trompe l’œil c’est Hichem Mechichi faisant sa déclaration de patrimoine. On aurait pu tout aussi bien nous le montrer tapant sur une balle au cours d’un parcours de golf.

Ce dont on voulait nous assurer c’est que l’homme est libre de ses mouvements et surtout libre de sa parole, une conférence de presse aurait été beaucoup plus explicite que ce jeu de rôle. Ce qui ajoute encore à notre trouble c’est que la déclaration de patrimoine se fait normalement à la prise de fonction et non pas à la fin des fonctions.

Mise en scène, trompe l’œil peu importe, la réapparition de M. Mechichi s’est faite quoi qu’il en soit à la suite de la pression et des interrogations des Tunisiens encore libres.

L’illusion est que la Tunisie est gouvernée. Jusqu’à présent les candidats au poste de premier ministre ne se bousculent pas au portillon. A croire que ce poste de « commis » est un repoussoir pour tout le monde.

La Tunisie aspire à être gouvernée non pas par des superviseurs et des mandataires mais par un gouvernement représentatif et responsable.

Un vrai gouvernement qui tarde à venir et pendant ce temps l’illusion est de plus en plus évidente.

Mokhlès Marzouki


Ce besoin irrépressible de servitude….

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Quand la Tunisie avait un taux d'analphabétisme avoisinant les 90%, on comprenait que le pays avait de nombreuses priorités et que la démocratisation de la vie politique ne figurait pas parmi les urgences d'un pays à peine sorti d'une longue période de colonisation, dépouillé de sa souveraineté et de ses richesses, appauvri et en quête d'une stratégie de développement tous azimuts…

Toutes les expériences conduites par l'Etat autoritaire furent vouées à l'échec et s'achevèrent en queue de poisson avec force procès, arrestations, bannissement, exil, protestation populaire réprimées dans le sang, car, quand l'Etat autoritaire vacille, il recourt à la violence pour restaurer son autorité mise à mal par la contestation sociale: l'expérience collectiviste initiée par Ben Salah, l'expérience libérale de feu Nouira ponctuée d'une grève générale et des évènements tragiques du 26 Janvier 1978 et de l'émeute du pain de Janvier 1984….

L'ère Ben Ali inaugura l'expérience la plus délinquante et la plus criminelle de l'histoire récente de la République : ce fut l'intrusion de la mafia dans le cœur de l'Etat et l'instauration d'un État parallèle avec toutes ses ramifications mafieuses…Un État devenu soudain voyou et illégal…L'expérience mafieuse s'acheva de la même manière que celles qui l'ont précédée…

Mais entre-temps le ver était dans le fruit et corruption, clientélisme, népotisme…se sont confortablement installés à tous les étages de l'Etat….Facteur qui va être décisif dans le détournement de la révolution de son cours naturel puisque tous les malfrats du pays vont se liguer contre elle pour l'assujettir et la subordonner à leurs intérêts immédiats et lointains…

En soixante ans d'expériences politiques et économiques dictées par la volonté d'une minorité de nantis et de privilégiés formant la cour du Président, et alors que l'Etat avait été mis sous la coupe du parti unique, rares furent les parenthèses démocratiques, des parenthèses courtes, déterminées généralement par les crises sociales qui ont secoué le régime despotique et qui fonctionnaient comme de simples expédients pour calmer la rue en ébullition et lui donner l'illusion que le changement démocratique était de nature à engager le pays dans un processus irréversible de libertés .

D'ailleurs, une fois la crise maîtrisée, l'Etat s'empressait de fermer la parenthèse démocratique pour revenir à ses vieilles amours autoritaires…Ce scénario , nous l'avons vécu en 1981 avec Bourguiba (Sous l'impulsion d'un vrai démocrate, feu Ahmed Mestiri) et en 1989 sous Ben Ali avant que les deux dictateurs ne décident de balayer le processus de démocratisation d'un revers de la main , tout simplement, parce que les élections législatives libres et transparentes…avant d'être truquées, s'étaient à chaque fois soldées par un échec cuisant du parti unique….Comme quoi, quand le peuple s'exprime librement, il sanctionne les tyrans…

Cette fois-ci, la parenthèse fut un peu plus longue et une génération de Tunisiens est née et a grandi dans un climat de liberté et dans un système démocratique, en dépit des réserves que nous pouvons avoir quant à ce qui a été réalisé et à ce qui n'a pas été réalisé….

Forcément, ces jeunes auront plus de difficultés que leurs parents à accepter une restriction des libertés et une militarisation de l'Etat, d'autant plus que le modèle de gouvernance préconisé est archaïque, arriéré, sous-développé, populiste, fasciste, inadapté au 21ème siècle, désuet, ayant une vague ressemblance avec le modèle de la Corée du Nord, ou avec les vieux régimes militaires arabes et africains….Un peuple rapetissé, méprisé, traité avec hauteur et arrogance, par un Président converti par je ne sais quel miracle en prophète qui sait tout, parle de tout, s'occupe de tout et décide de ce qui est bon et mauvais….(le premier sportif, le premier médecin, le premier avocat, le premier écrivain, le premier poète, le premier ingénieur…ça se sait, les dictateurs sont éclectiques, c'est hormonal)

Le réveil pour certains va être difficile….

Chiheb Boughedir

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