La raison, celle de l'Etat, semble s'être assoupie, si bien que les borborygmes répétitifs du chef de l'État et de ses affidés n'effarouchent plus personne. Nous sommes enclins à dire qu'il y a eu "normalisation" avec les menaces, les cris, les hurlements, les redondances, les obsessions d'un homme aigri, irréversiblement en proie à des crises d'hystérie dont le côté puéril nous ferait rire si le monsieur n'occupait pas le poste de Président.
Il n'est plus question de légalité et de légitimité mais d'une forme d'instabilité psychologique troublante et à certains égards dangereuse.
Dangereuse pour l'unité nationale, dangereuse pour un pays qui s'engouffre inéluctablement dans une crise sociale, économique, institutionnelle et morale presque sans issue et dont les conséquences se feront sentir pendant des années .
Certes nous avons connu la sénilité mégalomane d'un Bourguiba vieillissant et malade, la kleptocratie d'un régime abject et mafieux, les errements politiques de novices qui, au lendemain de la révolution, n'ont pas su quelles étaient les urgences et les priorités et qui ont accentué la crise au lieu de la résoudre, la responsabilité de l'avortement du processus démocratique est imputable à tous: démocrates et autocrates, anciens et nouveaux, ils ont installé de faux clivages identitaires pour préparer la déflagration et celle-ci est survenue sans grande surprise le 25 Juillet….
Mais être traînés plus bas que terre avec un régime fantoche, anachronique, s'inspirant de monarchies moyenâgeuses et féodales, instaurant quelque chose de terrifiant, d'illégal, d'illégitime et de franchement pathétique…c'était assez imprévisible d'autant plus que nous nous targuons d'être une nation plutôt moderne et "civilisée", probablement une des rares nations arabes susceptibles d'assimiler rapidement les règles de la démocratie, de l'alternance et de la bonne gouvernance…
Nous avons probablement surestimé notre engagement envers la démocratie, notre respect de la diversité des opinions, notre aptitude à être des citoyens responsables et tolérants, notre souci de vivre en bonne intelligence avec nos concitoyens et de consacrer les valeurs civiques du vivre-ensemble…
Nous avons probablement sous-estimé les dégâts provoqués par le régime illettré et mafieux de Ben Ali …dégâts qui nourrissent aujourd'hui toutes nos faiblesses et nos failles béantes: analphabétisme, ignorance, médiocrité, corruption, népotisme, clanisme, corporatisme, clientélisme, inégalités et fractures sociales, indigence intellectuelle, couardise, opportunisme…des tares qui sont devenues endémiques, chroniques et qui ont fini par anesthésier esprit, mentalité et conscience…
Tout semble être chloroformé, momifié en Tunisie, tout semble sentir le moisi…tout est vieux et délabré…et plus ça se déglingue, plus ça s'esquinte, plus nous approchons de la mort subite, plus l'ignorance bavarde et insolente , méchante et malveillante prend ses aises.
Chiheb Boughedir
Révélations de Nadia Akacha : Qui ne dit mot consent !
Vraies ou fausses toutes ces informations qui nous parviennent des "enregistrements" de Nadia Akacha ? Dans les deux cas, il y a une main invisible qui dispose de moyens peu ordinaires, dont l'objectif est de nous mettre face à des hypothèses à forte probabilité touchant le président de la République.
Des hypothèses dont on ne se débarrassera pas en se lamentant sur la moralité de l'ancienne conseillère, ni en se perdant en supputations au sujet des parties susceptibles de profiter des révélations en question.
Dans une situation pareille, c'est le dicton qui fait loi : qui ne dit mot consent. Il faut du démenti. Mais pas sur le mode habituel qui ne cesse de crier au complot sans apporter la moindre preuve à l'appui des allégations.
Car ce type de démenti ne ferait que reproduire la vitrine derrière laquelle il s'agit justement de savoir ce qui se cache, ou pas.
Raouf Seddik