Communiqué de « L’Initiative Démocratique »

Tunis, le 8 novembre 2021

Plus de trois mois se sont écoulés depuis l’annonce, le 25 juillet 2021, des mesures exceptionnelles. Or, il s’est avéré avec le décret 117 publié au JORT le 22 septembre 2021 qu’il s’agissait bel et bien d’un coup d’Etat constitutionnel visant le processus démocratique et instaurant de fait un régime autocratique, synonyme d’un retour à la dictature sous le prétexte populiste de rectification du processus en cours comme le prétendent les opportunistes de tous crins ainsi que ceux qui n’ont jamais eu de cesse d’ourdir des complots contre la révolution du 17 décembre 2010/14 Janvier 2011.

Alors que le régime tente d’imposer le fait accompli, son isolement s’accentue au fil des jours tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle internationale et ce grâce à la détermination des forces libres et démocratiques. Celles-ci, en effet, restent attachées à la protection des acquis de la transition démocratique en dépit de ses fragilités, et sont soucieuses de poursuivre l’édification de l’Etat de droit, seule voie pour satisfaire les attentes du peuple tunisien en matière de réformes, de développement économique et social.

La satisfaction de ces attentes légitimes permettra à la Tunisie, berceau du printemps arabe, d’accéder à la modernité à travers une expérience pionnière dans un monde arabe soumis depuis longtemps à la domination de régimes autocratiques qui le privaient de l’exercice libre de sa dignité et de sa souveraineté nationale.

Par ailleurs, les manifestations des mois de septembre et octobre ont permis d’ôter au putsch son argument principal : la légitimité populaire utilisée pour justifier la violation de la Constitution et de la démocratie.

Ces manifestations sont l’œuvre des forces libres et démocratiques, déterminées à défendre les valeurs de la liberté et de la démocratie.

« Citoyens contre le coup d’État » salue tous ceux qui se sont engagés à mobiliser tous les démocrates à l’intérieur comme à l’extérieur du pays en vue de sensibiliser tous les amis de l’expérience démocratique tunisienne. (ONG, organisations internationales, gouvernements et société civile.)

L’appui des démocrates à travers le monde ainsi que leur soutien à notre lutte pour la sauvegarde des acquis démocratiques est un motif de fierté renforçant notre détermination à combattre les ennemis de la démocratie dont notamment certains régimes qui se sont illustrés par leur soutien à la contre-révolution ainsi que les promoteurs de la normalisation avec l'entité sioniste, laquais des forces colonialistes.

Ceux-là n’ont jamais toléré que la Tunisie puisse intégrer une modernité fondée sur les valeurs universelles de liberté et de respect des droits de l’homme, garantie d’un ordre mondial juste et basé sur l’intérêt commun et le respect entre nations libres et souveraines régies par des Constitutions et des institutions élues traduisant la volonté populaire et octroyant légitimité et légalité à ces institutions.

C’est un moment décisif de l’histoire de la Tunisie, moment caractérisé par une dérive despotique d’un putsch sans horizons, sur fond d'une crise politique dont les dangers sont :

1) L’exposition des intérêts socio-économiques des Tunisiens à de graves menaces dues à la désignation d’un gouvernement illégal et illégitime, incapable de prendre des engagements au nom de l’Etat tunisien.

2) L’accentuation de l’isolement international de la Tunisie, en particulier vis-à-vis des pays démocratiques, outre à son rapprochement de pays hostiles à la démocratie et parties prenantes dans des conflits régionaux.

3) La multiplication des atteintes aux libertés individuelles et collectives ainsi qu’aux droits de l’homme en général, et les tentatives de mainmise sur le pouvoir judiciaire, de contrôle des médias et de concentration de tous les pouvoirs entre les mains d’un seul homme.

Par ailleurs, on assiste à la promotion d’un discours haineux, violent, exprimant mépris et dénigrement des démocrates. Pire encore, on assiste à une volonté de démanteler l’Etat et d'effacer toutes traces des institutions issues de la transition démocratique, en plus d’un refus catégorique de tout dialogue national susceptible de dégager des solutions et de surmonter la crise actuelle.

La plupart des forces démocratiques opposées au coup d’Etat n’ont jamais cessé de porter un regard critique sur l’extrême lenteur dans la réalisation des objectifs de la révolution et dans la satisfaction des attentes sociales et économiques du peuple, comme elles n’ont jamais hésité à dénoncer les pratiques opportunistes et délictueuses produites par des alliances politiques à l’origine du détournement du processus démocratique de ses vocations premières au cours de ces dix dernières années, néanmoins cela ne signifie pas que l’on accepte le recours à un coup d’État diabolisant la révolution et aux relents fascistes et populiste.

Et partant, les forces démocratiques sont dans l’obligation d’organiser la lutte pour la poursuite du processus démocratique sur la base du respect de la Constitution et dans la perspective de proposer et d’imposer une feuille de route constituant une alternative démocratique à même de préserver le pays du danger d’un vide institutionnel consécutif à la chute imminente et inévitable du régime putschiste et d’éviter une probable alliance entre populisme et fascisme dans ce qui pourrait être une alternative au putsch actuel.

Dans cette perspective, « Citoyens contre le coup d’État » propose cette initiative sous forme d’une feuille de route constituant une plateforme commune ouverte aux partis politiques, associations et société civile concernés autant que nous par la poursuite du processus démocratique.

Cette feuille de route a pour objectif d’abord de mettre fin à l’Etat d’exception et à toutes les mesures décrétées depuis. Ensuite à imposer le retour à la légitimité constitutionnelle en vue d’organiser des élections législatives et présidentielles anticipées au cours du deuxième semestre de l’année 2022 selon les termes de la loi organique portant amendement de la loi électorale adoptée en juin 2019 et non-ratifiée par feu Béji Caïd Essebsi.

Cette feuille de route comporte les points suivants :

1) La reprise immédiate des activités de l’ARP élue dont la première tâche est d’amender son règlement intérieur en vue de garantir son bon fonctionnement, sa bonne gouvernance et d’y instaurer ordre et discipline et ce pour accomplir les tâches suivantes :

a) Procéder à l’élection des trois membres restants de la Cour Constitutionnelle selon les termes de la loi organique numéro 50 datée du 3 décembre 2015 et amendée sous le numéro 40 en 2020.

b) La mise en place de « La haute autorité de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption » et l’élection de nouveaux membres de l’ISIE conformément à la loi en vigueur.

c)Œuvrer pour la mise en place de toutes les institutions constitutionnelles notamment la « haute autorité de l’audiovisuel ».

2)La formation d’un gouvernement de salut national doté d’une légitimité Constitutionnelle dans le but de rétablir la confiance avec les acteurs économiques et sociaux locaux et étrangers dans la perspective d’arrêter l’hémorragie des finances publiques et d’éviter les dangers d’un effondrement économique et d’une explosion sociale.

3)Cette « Initiative Démocratique » s’engage à consulter et à collaborer en étroite concertation avec toutes les forces et organisations nationales et à leur tête l’UGTT en vue d’organiser un vaste débat national autour des dossiers stratégiques avec la participation, sans exclusion, de tous les acteurs de la vie publique : partis, organisations et société civile.

Ce dialogue portera sur les moyens à mettre en œuvre pour l’établissement de vastes consensus autour de :

a) Les réformes économiques et sociales de nature à favoriser la lutte contre la pauvreté grâce à l’instauration d’un modèle de développement juste et équitable, rompant avec la corruption et l’économie de rente.

b) Les réformes politiques nécessaires à garantir la pérennité du système démocratique, seul moyen de répondre aux aspirations du peuple à la dignité, à la liberté et à la prospérité.


المبادرة الديمقراطية

تدخل إجراءات 25 جويلية شهرها الرابع بعد أن أفصحت عن نفسها في 22 سبتمبر الأمر 117 ليتأكد المترددون أنها انقلاب سافر على دستور الثورة والمسار الديمقراطي وتكريس للحكم الفردي واستعادة فجة لمنظومة الاستبداد تحت شعارات شعبوية تريد أن تتنكر تحت قناع "حركة تصحيحية" كما يزعم المتزلفون والمتسلقون وعموم المتآمرين على ثورة 17-14 المجيدة.

وفي مقابل محاولات فرض الأمر الواقع تتعاظم عزلة سلطة الانقلاب الكريه داخليا وخارجيا بفضل تصميم الأحرار والحرائر من المواطنين والمواطنات المناهضين للاستبداد والمتمسكين بمكاسب الانتقال الديمقراطي رغم تعثراته والمنتصرين لاستكمال بناء دولة العدل والمواطنة باعتبارها المدخل الأساسي لتحقيق انتظارات الشعب التونسي في الإصلاح و التنمية والنهوض الاقتصادي والاجتماعي وباعتبارها الشرط الأساسي لدخول تونس مهد الربيع العربي إلى نادي الدول الحديثة والناجحة عبر تجربة انتقال رائدة في مجال عربي منعته - لعقود طويلة - هيمنة الاستبداد والتسلط من دخول عصر الحرية والكرامة واستكمال السيادة الوطنية.

لقد تمّ على امتداد شهري سبتمبر واكتوبر كشف مغالطة المشروعية الشعبية التي يتغطى بها الانقلاب لانتهاك الشرعية الدستورية والديمقراطية وكان هذا الكشف عبر شارع ديمقراطي مصمم بذل فيه نشطاء حزبيون ومدنيون ومستقلون في الداخل جهدا وطنيا شريفا بنى على مشترك الانتصار لقيم الحرية و الديمقراطية.

واذ تُحيّي حملة مواطنون ضد الانقلاب كل المساهمين في يقظة الشارع الديمقراطي داخل الوطن فإنه لا يفوتنا أن نتوجه بالتحية ايضا إلى طيف واسع من التونسيين والتونسيات في المهجر ممّن ساهموا في تعبئة جهود أصدقاء التجربة التونسية الديمقراطية في العالم الحر من منظمات وجهات دولية حكومية وغير حكومية.

إنّ دعم الأحرار في العالم الديمقراطي لنضال المواطنين المناهضين للانقلاب في تونس ودعم جهودهم هو مكسب نعتز به للتصدي لكل محاولات تدخل أعداء الديمقراطية من نظم الثورات المضادة وعرّابي التطبيع وأنصار العقلية الهيمنية الاستعمارية ممّن يستكثرون على تونس الاندماج في عالم حداثة يتحول إلى قرية نريد أن تحكمها القيم الكونية القائمة على احترام المواطنة والحريات وحقوق الإنسان مدخلا أساسيا لضمان الاستقرار العالمي وتبادل المصالح بين شعوب حرّة لا تتحقق لها سيادة وطنية إلا عبر دول تحكمها الدساتير والمؤسسات المنتخبة المعبرة عن الإرادة العامة لمواطنين أحرار يتساوون رجالا ونساء حكاما ومحكومين أمام سلطة القانون الشرعية .

إنها لحظة فارقة من تاريخ تونس يشتد فيها النزوع التسلطي لانقلاب بلا أفق يضع البلاد في قلب مأزق السياسي من أهم مخاطره :

أولا : تعريض مصالح التونسيين الاقتصادية والاجتماعية للخطر بعد تشكيل حكومة غير شرعية ما يجعلها غير قادرة على الالتزام والإلزام.

ثانيا : تعمق العزلة الدولية لتونس خصوصا في علاقة بالمنتظم الأممي ودول العالم الحر واختيار الاصطفاف مع محاور معادية لمصالح الإقليم ومعروفة بنزوعاتها الاستعمارية أو المضادة للثورات والتحولات الديمقراطية .

ثالثا : ارتفاع منسوب الاستهداف الممنهج للحريات العامة والفردية وحقوق الإنسان ومحاولة وضع اليد على القضاء والإعلام واحتكار السلطات فضلا عن اعتماد سلطة الإجراءات الاستثنائية خطاب عنف وكراهية واحتراب واقتراحات سياسية تهدد بتفكيك الدولة الوطنية وفسخ كل ما راكمه الانتقال الديمقراطي من مؤسسات ورفض كل أشكال الحوار والتشاور الوطني لتجاوز حالة الغموض والارتجال وحكم الاعتباط.

إنّ أغلب القوى الوطنية والديمقراطية المناهضة اليوم للانقلاب كانت باستمرار في مقدمة القوى المعترضة على نهج التفريط والتعثر في تحقيق أهداف الثورة وانتظارات الناس الاجتماعية والاقتصادية، كما كانت باستمرار ضدّ كل مظاهر الانتهازية والفساد الذي انتجه مشهد سياسي انحرف في السنوات العشرة الماضية بمسار الانتقال الديمقراطي إلى غير غاياته الوطنية والشعبية، ولكن ذلك لا يعني القبول بالانقلاب على الديمقراطية وتجريم الثورة والسقوط في الخيارات الفاشية أو الأوهام الشعبوية .

وانطلاقا مما تقدم لم يعد أمام أنصار الحرية والكرامة إلا تنظيم معركة فرض استئناف المسار الديمقراطي والاحتكام للدستور في أفق صياغة وفرض خارطة الطريق الوطنية إعداد البديل الديمقراطي بما يجنب البلاد مخاطر الفراغ بعد السقوط العاجل والمنتظر للانقلاب وبما يقطع الطريق أمام تربص التحالف الفاشي والشعبوي ليكون القطار البديل الذي يختفي وراء قطار الانقلاب المترنح.

وعلى هذا الأساس يعرض مواطنون ضد الانقلاب هذه المبادرة في شكل خارطة طريق تمثل أرضية جامعة لكل من يرى نفسه فيها من قوى حزبية أو مدنية مناهضة للانقلاب .

تهدف خارطة الطريق إلى إلغاء حالة الاستثناء وكلّ ما ترتب عنها من إجراءات اعتباطية وفرض العودة إلى المسار الدستوري استعدادا لإجراء انتخابات تشريعية ورئاسية سابقة لأوانها خلال النصف الثاني من سنة 2022 طبقا لمقتضيات المجلة الانتخابية كما تم تعديلها بمقتضى القانون المودع في أدراج قصر قرطاج منذ عهد الراحل الباجي قايد السبسي .

وتتضمن خارطة الطريق ما يلي :

1 - عودة مجلس نواب الشعب المنتخب ليتولى فورا تعديل نظامه الداخلي بما يضمن حسن سيره وحوكمته وفرض الانضباط داخله بما يمكنه من انجاز المهام الأساسية التالية :

أ - استكمال انتخاب أعضاء المحكمة الدستورية طبقا لأحكام القانون الأساسي عدد 50 المؤرخ في 3 ديسمبر 2015 والمنقح بمقتضى القانون عدد 40 لسنة 2020 .

ب-إرساء هيئة الحوكمة الرشيدة ومكافحة الفساد وتجديد عضوية أعضاء الهيئة العليا المستقلة للانتخابات .

ج - العمل على إتمام المسار القانوني لإرساء باقي الهيئات الدستورية لاسيما هيئة الاتصال السمعي البصري .

2 - تشكيل حكومة إنقاذ وطني حائزة على شرعية تمكنها من بناء الثقة مع كل الفاعلين الاقتصاديين وطنيا ودوليا وفق برنامج اقتصادي يوقف نزيف المالية العمومية ويجنب البلاد مخاطر الانهيار الانفجار الاجتماعي.

3 - تلتزم هذه المبادرة الديمقراطية بالتشاور والشراكة مع كل القوى الوطنية وفي مقدمتهم الاتحاد العام التونسي للشغل من أجل إطلاق حوار وطني وشامل حول الملفات الاستراتيجية الكبرى وبمشاركة كل الفاعلين في الشأن العام من أحزاب ومنظمات وطنية ومدنية دون إقصاء.

ويتعلق الحوار ببناء اتفاقات وطنية كبرى حول :

أ - الإصلاحات الاقتصادية الاجتماعية بما يؤسس لإرساء منوال تنموي عادل ومتكافئ يقاوم الفقر ويقطع مع الفساد ونظام الامتيازات والاقتصاد المغلق.

ب - الإصلاحات السياسية التي تضمن الاستقرار في الديمقراطية باعتبارها النظام الأقدر على ضمان تلبية تطلعات الشعب التونسي في الكرامة والحرية الرفاه.

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