La lente et inexorable chalghoumisation de l’élite Tunisienne

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Commençons d’abord par dissiper un doute : l’auteur de ces lignes ne désigne pas le cénacle des intellectuels honorables et extrêmement soucieux de la qualité de ce qu’ils disent et de la manière dont ils le disent, ceux-là demeurent respectables car ils ont cette décence et cette lucidité de rester fidèles à la notoriété scientifique ou intellectuelle qui est la leur et craignent pour leur réputation si d’aventure ils se laissent entrainer dans les débats sulfureux auxquels nous assistons quotidiennement en Tunisie dans les médias et sur les réseaux sociaux et qui sont souvent entretenus par des bonimenteurs et des charlatans déguisés en intellectuels des fêtes foraines.

Mon modeste propos désigne à la vindicte publique cette (fausse) élite autoproclamée intronisée par la dictature des médias mainstream et qui malheureusement tient en laisse une bonne partie de la population tunisienne encore sujette aux manipulations les plus grossières à cause des années de disette culturelle imposée par le régime mafieux honni et par la racaille qui l’entourait.

Nul besoin d’être sociologue pour brosser le portrait du tunisien lambda, victime expiatoire des ces serpents à sornettes et qui avale leurs couleuvres goulument à cause d’une part de son indigence intellectuelle et d’autre part de sa naïveté.

Ce tunisien, dont le niveau d’instruction est faible ou moyen, entretient une relation très tourmentée avec la science, la philosophie, l’art, la culture, l’économie, il éprouve de la répulsion à l’égard de tout ce qui dépasse son entendement si bien qu’il trouve plus rassurant d’écouter les sots et les benêts, les fats et les vaniteux, les populistes et les démagogues car leur syntaxe et leur lexique s’apparentent au sien et constituent la somme abrupte des commérages et ragots de concierges auxquels son oreille éduquée par la voyoucratie benalienne s’est habituée au point de considérer que les circonlocutions de ces maquereaux sont de la haute littérature, en l’occurrence, plus c’est bas et vil, moins cela scandalise le bigorneau…

Oui, car cette fausse élite est démente ; elle incarne tous les vices de l’imposteur : le mensonge, l’intox, la malhonnêteté, la perfidie, la sournoiserie ,une rhétorique réactionnaire fondée sur la réutilisation des modes de raisonnement de l’ordre antérieur afin de nourrir l’hostilité envers la révolution et de la désigner comme seule et unique responsable des crises qui prévalent aujourd’hui en Tunisie puisque la révolution est une transgression de cet ordre ancien qu’elle représente.

Ils sont les nervis de l’oligarchie mafieuse, la force d’inertie des structures anciennes et leur travail de sape a été rendu possible à cause des nombreuses connivences, souvent abjectes et immorales qui existent entre cet ordre ancien qui tarde à disparaitre et cet ordre nouveau qui tarde à s’inscrire dans une logique de rupture radicale avec les vestiges de l’ordre mafieux et kleptocrate.

Le pouvoir persuasif de cette engeance tient moins dans les arguments qu’ils avancent et beaucoup plus dans le silence honteux et presque complice de ceux et celles qui, parce que démocrates, progressistes, militants des droits de l’homme, syndicalistes, intellectuels dont la réputation n’a pas été ébréchée par quelques collusions équivoques …doivent contester leurs arguments, démasquer leur imposture et dénoncer leurs liens incestueux avec les mafias locales et certaines dictatures arabes.

L’entreprise de disqualification du fait révolutionnaire dont découle le fait démocratique a été entamée au lendemain de l’insurrection populaire du 17 décembre 2010 ponctuée par la fuite du dictateur illettré le 14 Janvier 2011, furent enrôlés à ce moment-là des journalistes, des avocats, des économistes, des intellectuels, des écrivains, des syndicalistes, des universitaires dont l’allégeance à l’ancien régime n’était pas évidente, et qui, pour des motifs divers, avaient profité ( carriérisme, clientélisme, régionalisme, clanisme, goujaterie…)des largesses prodiguées par Ben Ali et sa camarilla aux sbires discrets et anonymes de son régime policier.

Cette discrétion ou cet anonymat effacent de l’horizon du dicible un passé de compromission avec la dictature et lèvent le malentendu relatif à la crédibilité de ces rédempteurs de l’ordre ancien recrutés pour le réhabiliter.

Les gens ordinaires, en l’occurrence une bonne majorité de la population tunisienne, accablés par une succession de crises orchestrées par l’oligarchie mafieuse, vont finir par céder à la rhétorique réactionnaire et fasciste et devenir à leur insu sa caisse de résonance si bien que le label populiste et fasciste incarné par Abir Moussi est rapidement devenu, en effet, une étiquette politico-médiatique à tout faire, utilisable à la fois pour disqualifier la Révolution et discréditer la démocratie.

En effet, sous couvert de dénoncer « l’islamisme », le stigmate « populiste » procède lui-même d’un « mépris de classe » qui renvoie explicitement les classes populaires à « l’inculture », à « la nature », bref à « la barbarie » et à l’obscurantisme rétrograde.

Ces entreprises de brouillage des lexiques et des « marques » politiques, cette vaste opération d’escroquerie intellectuelle, contribuent à désorganiser les repères de ceux qui en sont les plus démunis, ceux qui une fois désabusés et dont la position sociale s’est fragilisée voire dégradée se jetteront, sans discernement, dans la gueule du loup.

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