Jihed Haj Salem…un bol d’air frais !

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Dans un pays où de vieux chnoques ne cessent d’ergoter sur des phénomènes dont ils ignorent sens et origine, engoncés comme des lobotomisés du bulbe dans leurs lieux communs avec ce soupçon d’arrogance qui les rend encore plus ridicules qu’ils ne le sont déjà, un jeune issu de ces quartiers populaires qu’ils regardent d’en haut, qu’ils ne regardent même pas , est venu remettre les pendules à l’heure et révéler au grand public qu’il existe dans ce no man’s land , dans ces terres de damnés, des personnes intelligentes, instruites et tout à fait aptes à expliquer le phénomène jihadiste sans verser dans la litote policière et dans la grandiloquence pédante des faux experts et des apprentis sorciers !

Jihed Haj Salem, bien que peu rompu aux joutes oratoires et aux effets de manche, est venu avec sa simplicité et la fougue de cette jeunesse trahie par les professionnels de la politique et les bonimenteurs oiseux, bousculer l’inertie intellectuelle et le conformisme des fakirs bien assis sur leurs clous rouillés et sur leurs certitudes de faquins …

Jihed Haj Salem, malgré les aboiements enragés de Mohamed Boughalleb et l'air pathétique de Hamza Balloumi, a montré que nos jeunes méritent beaucoup plus que cette morgue méprisante de ces dinosaures analphabètes, de ces gardiens du temple réactionnaire et ploutocrate !

En dix minutes, il a expliqué à ces défroqués embourgeoisés, puant la naphtaline et les idées reçues, les souffrances de ces enfants des quartiers populaires, leurs frustrations, les humiliations quotidiennes auxquelles ils sont exposés, ce désespoir infâme, qui est tatoué dans leur chair fripée, causé par une misère abjecte, cruelle, immorale.

Eux, les amateurs de la répression tous azimuts, simplifient, croient en leurs fadaises et cherchent à banaliser ce discours qu’ils n’aiment pas entendre parce qu’il les renvoie à leur mauvaise conscience, parce qu’il les accuse d’avoir engendré cette monstruosité, ce terrorisme qu’ils veulent circonscrire à un phénomène d’embrigadement et de violence débridée, criminelle, diabolique, non-refoulée alors qu’ils évacuent la vraie violence, celle qui a transformé des jeunes en terroristes !

Par les temps qu’ils savent risqués, ils s’accrochent, veulent « coûte que coûte » croire en leur enfumage, inquiets d’imaginer d'autres réponses, d’autres analyses qui perturbent, dérangent, contrarient leurs postulats trompeurs et biaisés !

Ce Jihed Haj Salem est un rabat-joie, il n’en a cure de leur air faussement contrit, il martèle, sans ménagement, soudain irrévérencieux, confiant,imparable :

« Ces jeunes n’ont pas appris à respirer l’air pur, à manger sainement, à vivre de manière équitable et équilibrée dans la paix, la fraternité, la raison et le partage...Ils ont été exclus précocement du système scolaire, enfermés dans des ghettos délabrés, relégués aux oubliettes d’une société où les écarts sociaux et économiques ont atteint des proportions alarmantes sans que personne n’ait saisi l’ampleur de cette tragédie, en dépit des insurrections populaires, des révoltes, des vociférations récurrentes d’une jeunesse dont le mal-être croissant s’exprime sous des formes certes diverses mais aux finalités identiques : fuir cet univers glauque , nauséabond, inhumain : ils voulaient acquérir une disponibilité d’épanouir leur nature humaine, notre surdité accentuée par nos égoïsmes putrides, notre cupidité ignoble, notre individualisme forcené et nos sectarismes anachroniques a suscité en eux une haine telle que toutes les issues devenaient possible, y compris hélas, le jihadisme daechien ! »

Drogue, délinquance, banditisme, proxénétisme, prostitution, Lampedusa ou tout colifichet terroriste, peu importe, ils ont bu jusqu'à la lie l'humiliation et l'indignité !!!!! Plus rien ne les épouvante, plus rien ne les effraie, ils sont désormais prêts au triple saut périlleux pourvu qu’à la clé ils aient l’impression, même fugace, même éphémère, que leur existence a un sens, aussi tragique soit-il !

Si tout se dégrade à une vitesse vertigineuse, si le marasme s'incruste et perdure, c'est parce que nous avons laissé, honteusement, en jachère, les vrais problèmes et les vrais défis, pour palabrer, luxe que ne se permettent que les riches, sur le sexe des anges, sur la tunisianité des uns et l'islam des autres, sur la modernité surfaite et sur les identités douteuses, ancestrales, équivoques, poussiéreuses...Bref, on ramait à contre-courant, obsédés que nous étions par la vénalité de notre vanité, par nos haines si ridicules provenant d'un idéologisme abscons, mortifère, légué aux oubliettes dans presque tous les pays où pendant des siècles il a gangrené les esprits et plombé la démocratie elle-même.

Quid des réformes essentielles: développement régional, décentralisation, désenclavement, fiscalité, école, santé, justice, médias, système sécuritaire? Quid de la lutte contre les fraudes massives, le détournement des deniers publics, la corruption, le clientélisme, le népotisme, les privilèges, l'économie parallèle, les dysfonctionnements chroniques de l’État et de ses institutions? Quid de la justice transitionnelle, seule susceptible de clore et définitivement le dossier de cinquante ans de dictature, de prévarications et d'abus éhontés?

Une pléthore de partis politiques dont certains sont à usage unique...La plupart d'entre-eux sont des fossoyeurs d’égalité, d’équité, d'émancipation, de liberté et de démocratie parce qu'ils n’y croient pas, parce qu'elles ne sont pas inscrites dans leur ADN et qu'elles sont réfractaires à leurs littératures.

Ceux-là ont suffisamment côtoyé la dictature pour qu'ils n'en soient pas totalement ou partiellement imprégnés, à l'insu de leur propre gré, ils la pratiquent dans leurs choix, dans leurs discours et dans leurs actes. Ce n'est pas exactement le syndrome de Stockholm, c'est pire, c'est une volonté délibérée de préserver un système en lui conférant des accents moins tyranniques!

Quand de prétendus démocrates et progressistes soutiennent des putschistes et des despotes abjectes et sanguinaires, c'est qu'ils sont porteurs malsains du germe nocif de la dictature!

Place aux jeunes, au neuf, à l'inédit...aux porteurs sains du germe de la liberté!

Au placard...toutes les momies!


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