Les grandes utopies de mon presque homonyme....

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Ridha Chiheb El-Mekki (Ridha Lénine) comme les déçus du vieux bolchevisme n'est pas un démocrate ni au sens libéral du terme ni au sens prolétaire du terme, il n'est pas aussi un illuminé, un inventeur de la roue, un utopiste en quête d'une voie inexplorée à emprunter pour décréter manu militari une démocratie populaire directe dont les mécanismes électifs supprimeront les allégeances actuelles pour en créer d'autres ....tribales, claniques, mafieuses...peu importe...l'essentiel c'est que le mode de penser la démocratie de proximité soit adopté et qu'il fragmente le pouvoir politique et le répartisse .

Est-il un idéologue, un constructeur de raisonnement et un transmetteur de sens, quelqu'un dont le discours fédère car il est fondé sur des valeurs consensuelles susceptibles d'être comprises, admises et partagées par tous ????

Non, je le trouve conceptuellement confus, ce n'est pas parce qu'il s'exprime mal ou parce qu'il manque d'éloquence ou parce qu'il est dans l'intellectuellement ambigu, non, ce n'est pas une question de clarté ou de pertinence sémantique, mais tout simplement parce qu'il ignore qu'un projet politique au 21ème siècle ne peut exclure la diversité et que celle-ci est l'essence même du projet démocratique....

Les formes de pouvoir qu'il imagine ont échoué par le passé et ont conduit à des totalitarismes et des fascismes dus à l'altération progressive du fait démocratique, à son affaiblissement, à son affaissement au profit du dictateur, figure mythique de la pureté révolutionnaire…, figure essentielle pour incarner l'esprit et la lettre de l'utopie révolutionnaire.

Un fait marquant : Il ne se prononce que sur le modèle de gouvernance politique, sur la question économique, culturelle, démocratique...il reste étrangement muet...Or, la gouvernance aujourd'hui ne peut s'autoriser le luxe d'un tel silence éloquent…

J'ai toujours cultivé une appréhension particulière à l'égard des utopies totalitaires qui consacrent une vision hégémonique du pouvoir sous couvert d'une démocratie populaire directe, dirigiste, élitiste et in fine autarcique et peu démocratique....

Outre au fait que la vision de Ridha Chiheb El-Mekki est tronquée et incomplète parce qu’exclusivement orientée vers les modalités d'une nouvelle démocratie qui n'en est pas une, très ancienne et pratiquée déjà par la Grèce antique, je disais tronquée car elle n'envisage aucunement la question économique, culturelle, la gestion démocratique de la diversité, la gestion des conflits sociaux, les arbitrages politiques et économiques…

Le cannibalisme politique…

Nous avons des anthropophages, dépourvus de scrupules, qui s'autorisent tous les coups bas pour gagner des points dans les sondages et pour discréditer leurs adversaires politiques.

Si les inimitiés sont aussi prononcées c'est parce qu'en l'absence d'idées, de programmes, de vision, de stratégie de communication, ils optent tous pour les pires bassesses afin d'aguicher des électeurs friands de scandales, d'insultes, de coups de poing, de débats de chiffonniers, de tout ce qui est de nature à exacerber les passions les plus viles et à rabaisser l'individu…

Ce qui n'émerge jamais dans les débats, c’est le facteur moral dont semble s'exonérer toutes les sensibilités politiques en Tunisie, j'entends par là les valeurs que nous voulons transmettre aux nouvelles générations et sur lesquelles se fondent la vie publique, la vie sociale , la vie culturelle et la vie institutionnelle…

Il ne s'agit pas de les identifier et de les corréler à une idéologie, ce serait un répertoire dogmatique, froid, figé et impraticable, facteur de controverses et de divisions, non, il faut répondre à une question incontournable : dans quelle société voulons-nous vivre, avec quelles valeurs, avec quelle éducation, avec quelle école, avec quelle justice, avec quelles institutions, avec quelle éthique politique, culturelle, esthétique, artistique....Quel contenu devons-nous donner à des concepts abstraits: la connaissance, le savoir , la science, l'éducation, l'information, le travail, l'égalité, la justice sociale, le développement durable, l'écologie....

Cela doit faire l'objet d'un vaste consensus et traduire dans les faits les choix que nous devons imposer à nous-mêmes pour rendre possible le vivre-ensemble....

Plus le niveau de la réflexion s'élève plus nous séparons le bon grain de l'ivraie plus le tri s'effectue en éliminant les mauvaises herbes populistes, démagogiques et fascistes.

C'est un long processus de maturation qui s'inscrit dans une vraie dynamique révolutionnaire apparentée à un changement radical des mentalités et des mœurs...Seule cette rupture peut engendrer une nouvelle Tunisie qui tarde à naître à cause des pesanteurs d'un passé marqué par l'avilissement de la pensée et la dégradation des mœurs, la corruption et le mépris de soi, l'individualisme et l'égoïsme social et régional.

Sortir de l'ornière suppose un saut qualitatif et ce saut ne peut être que moral. J’ai toujours dit que le legs d'une dictature mafieuse et immorale est insupportable parce que nocif pour les mœurs et l'esprit, il faut commencer par neutraliser tous ces effets pervers et les neutraliser définitivement.

Une note d'optimisme....

Je n'irais pas jusqu'à dire que tout est bien dans le meilleur des mondes possibles, Madame la Marquise, néanmoins il y a une Tunisie saine, honnête qui met les bouchées doubles pour dénoncer publiquement les affaires de corruption même si la Justice tarde à lui emboîter le pas et à accélérer le processus de démantèlement des réseaux mafieux.

Si ce mouvement prend de l'ampleur et qu'il ne se laisse pas infiltrer par les propagandistes et les populistes, il pourra changer la donne et initier un changement des mœurs et des mentalités...Timide et sporadique à l'heure actuelle, souvent conditionné par des arrière-pensées politiques et idéologiques, ce mouvement, s'il n'est pas récupéré par la politique politicienne, mettra fin à l'omerta et obligera la justice à agir avec plus de célérité et d'efficience....

J'expliquais tout à l'heure qu'il faudra du temps pour démêler l'écheveau dont les fils sont presque inextricables, les réseaux mafieux en Tunisie sont nombreux et associent de nombreuses corporations : des moins honorables aux plus honorables, ces réseaux sont puissants parce qu'ils sont au cœur de l'État, de l'économie, des finances, du syndicat, de l'information et de la justice....C'est à la partie saine de la société de mener ce combat , profitant de ce climat de libertés et de démocratie sans lequel aucune action de moralisation n'est possible ou envisageable....

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