2016 : l’odyssée vers l’inconnu !!!

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2015 s’en va cahin-caha, accompagné d’une légère bruine sortie du brouillard de ce mois de décembre insolemment avare en pluie, avare en tout alors que l’année qui s’écoule et s’étire fut généreuse en tragédies, en attentats terroristes, en crises politiques, en catastrophes économiques et en mauvais présages !

2015 s’en va et croyez-moi, ce n’est pas trop tôt, il aurait dû s’en aller depuis 2014, à moins que les rares satisfactions qu’il nous a légué ne soient de bien maigres consolations pour les éternels optimistes !

Devons-nous nous gargariser outre mesure avec un Nobel de la paix alors que UGTT et UTICA, récipiendaires en l’occurrence de ce prix, se crêpent joyeusement le chignon et que tout va gaiement à vau-l’eau ?

Ou sommes-nous censés bénir cette coalition vagabonde, dissonante, malhabile qui nous gouverne et dont les errements sont tantôt farcesques tantôt pathétiques ?

Ou probablement nous demande-t-on de saluer bien bas une présidence de la République paralysée par les rivalités de personnes suspectes, par l’indolence d’une vieillesse en déphasage avec les impératifs d’une ère qui n’est pas la sienne et dont elle ignore les exigences, par l’ascendant que prend le Président sur la Constitution, la foulant aux pieds bien que ses nouvelles attributions le confinent à des tâches, oserai-je dire, accessoires et secondaires !

Le bilan est cruellement cynique et sans appel : la Tunisie s’enlise dans la gadoue de la médiocrité, s’enfonce dans les eaux troubles de la corruption, s’incruste dans l’inertie, dans l’immobilisme faute de réformes courageuses, en l’absence d’une volonté politique réelle à même de rompre avec tous ces égoïsmes coupables qui après avoir disloqué la société risquent aujourd’hui de la contraindre à la banqueroute, à une faillite qui sera à la fois morale et économique !

Quel sursaut rageur pouvons-nous espérer si les esprits sont gagnés par la lassitude, par le mépris de soi et du travail, par l’indifférence à l’égard de la chose publique et du vivre-ensemble, par une espèce de morosité goguenarde, envahissante et triomphante à peine titillée par quelques petits bonheurs, fort modestes, recueillis ici et là au gré d’un quotidien plus aigre que doux, plus orienté vers la déprime que vers la joie d’entreprendre, de créer, d’innover et de relancer une machine grippée, obsolète et hors d’usage !!!

Il ne s’agit pas d’être malgré soi et en dépit de la réalité un bon Cassandre, prophétisant des lendemains qui chantent, ceci est l’œuvre des bonimenteurs dont les flatteries mesquines à l’adresse de la classe politique nous ont entrainé dans ce bourbier alors que le bon sens et la rectitude morale leur imposaient d’être critiques et sans concession envers ceux qui ont été à l’origine de ce fiasco et dont nous supportons aujourd’hui la mauvaise gouvernance.

Or, la frilosité des uns et l’incompétence des autres nous ont conduits à cette impasse au moment où le discernement capitulait sous les coups de boutoir des allégeances corporatistes et des débats oiseux sur le sexe des anges, débats qui au lieu de fournir les éléments de réflexion nécessaires à une éventuelle stratégie de « sortie de crise » nous ont, au contraire, enferrés et durablement dans des conflits byzantins indignes d’un peuple qui se targue d’avoir vaincu une mafiocratie hideuse et immorale.

Nous avons perdu cinq ans parce que nous avons été indulgents envers nous-mêmes d’abord et envers les résidus de l’ancien régime ensuite, nous avons, benoitement, cru en leur innocuité, les croyant neutralisés et parfaitement inoffensifs alors qu’en réalité ils disposaient de tous les pouvoirs et que nous, nous ne disposions de rien si bien que le retour de manivelle auquel nous assistâmes incrédules fut couronné par leur victoire aux élections présidentielles et législatives et que leur retour aux mauvaises affaires impliquait un blocage tant institutionnel que constitutionnel puisque ceux qui ont été évincés par une révolution ont été réhabilités…démocratiquement par un peuple immature et dont la résistance a été affaiblie par des campagnes de diabolisation de la révolution elle-même et de ce sur quoi elle a débouché !

2016 ne fera qu’accroitre les difficultés et rendre plus tenaces et plus pervers les conflits en cours. Aucune embellie n’est possible dans un climat aussi délétère marqué par des divisions et des contrastes hargneux, par la résurgence forcenée de tous les motifs qui ont induit l’explosion sociale de 2011 et le départ du dictateur ainsi que par un terrorisme aux aguets, prompt à profiter du malaise social et de ses retombées sur une jeunesse désespérée, frustrée et en rupture de ban avec la République et ses institutions.

L’optimisme, hélas, n’est pas de rigueur quand bien même nous serions tentés de l’être, rien que pour bénéficier d’une année de répit, d’une année qui ne soit pas la réplique de celles qui l’ont précédée et qui soit un tant soit peu porteuse d’espoir et de grands bouleversements susceptibles d’ouvrir des brèches dans un système anachronique et verrouillé, à tous les égards producteur d’inégalités, d’injustice et de misère !

Ce sursaut nécessite des hommes courageux, vertueux, intègres, désintéressés et au service de la nation, des personnes humbles, dégagés des soumissions et allégeances perfides aux lobbies économiques et mafieux, capables, en s’inspirant de la Constitution du pays, d’imaginer une Tunisie moins égoïste, moins « bordélique », moins flemmarde, moins capricieuse et plus travailleuse, plus disciplinée, plus fraternelle et plus solidaire !

En l’absence de volonté sincère et orientée vers le bien commun, les vœux demeurent pieux et bien muets !

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