Vos querelles, nos priorités

Leurs querelles semblent éternelles, de quelque nature qu’elles soient : idéologiques, politiques, constitutionnelles ou tout bonnement de l’ordre du tempérament et de l’humeur, elles sont grotesques, avilissantes et pathétiques.

Nous assistons chaque jour à des scènes de ménage déplorables où des êtres fats, vaniteux et assoiffés de pouvoir règlent leurs comptes sans aucune forme de décence, sans aucune forme de dignité et sans aucun respect pour le peuple qui les a élus.

Alors que la crise sanitaire a transformé le pays en un vaste mouroir, que le Covid-19 a décrété le deuil dans tous les foyers de la République et que les jours à venir risquent d’être tragiques en termes de décès et d’admission en soins intensifs et en réanimation, alors que la protestation sociale dans les quartiers et régions déshérités prend de l’ampleur et que violences urbaines et actes de vandalisme nous rappellent constamment que lorsque la colère populaire gronde , elle peut déboucher sur un chaos général et que ce chaos peut à son tour engendrer insurrection et jacqueries , alors que le peuple exténué, déprimé, las, désespéré …fait preuve , en dépit de sa grogne, d’une patience incommensurable…gouvernement, présidence de la république et assemblée nationale agitent tous les spectres de la discorde et allument les mèches de la sédition, ne s’épargnant aucun coup bas, se disputant les prérogatives, s’appuyant sur des lectures biaisées du texte constitutionnel afin que celui-ci soit adapté à leurs tristes ambitions.

Les jeunes chômeurs diplômés sont désormais vieux et sont restés chômeurs, les régions pauvres et marginalisées se sont appauvries davantage, les écarts se sont creusés davantage entre les classes sociales et entre les régions, la contrebande a le vent en poupe, la corruption se porte bien, les baronnies mafieuses ont squatté l’Etat, le syndicat, les associations, les médias, la justice, la culture, le sport…elles ont profité de ces querelles de chiffonniers pour mieux asseoir leur domination sur un Etat à l’agonie, disloqué, incapable de les affronter et de faire face à leur hégémonie.

Ce climat délétère a encouragé les forbans, les flibustiers, les aventuriers, les démagogues, les populistes et a donné du grain à moudre à tous les fascismes, qui, constatant cet état de pourrissement général, ne se sont pas encombrés de scrupules pour ajouter aux anciens clivages, un nouveau clivage : démocratie/dictature…Plus l’atmosphère s’appesantit, s’alourdit, plus ils deviennent téméraires et loquaces, insinuant avec leur forfanterie coutumière que la démocratie est le mal absolu. Discours, qui, malheureusement, trouve un écho favorable auprès de la petite et moyenne bourgeoisie citadine et auprès des classes nanties, raisonnablement apeurées par cet état de gabegie dont l’issue est plus qu’incertaine…

Dans ce brouhaha infesté par toutes les haines, la voix de la raison devient inaudible car les divisons sont telles que personne n’ose s’affranchir de ses haines pour décréter un cessez-le-feu, l’arrêt des hostilités et l’entame d’un débat national qui ne soit pas l’énième compromis sans lendemain.

Toutes ces turpitudes, toutes ces inimitiés sont en outre alimentées et nourries par des pays étrangers ouvertement hostiles au processus démocratique dans lequel s’est engagée la Tunisie et dont ils espèrent une fin imminente. Ces pays disposent de leurs fantassins et de leur harkis locaux, payés rubis sur l’ongle pour entretenir la confusion jusqu’à ce que le peuple épuisé…réclame un dictateur…

Il serait malheureux que l’expérience démocratique tunisienne s’enlise dans la gadoue des conflits permanents et des compromissions moralement répugnantes, il serait malheureux que la folie l’emporte sur la sagesse et que celle-ci, défaite et humiliée, se venge de nos égoïsmes implacables , de nos intolérances mesquines, de nos petits calculs d’apothicaire et de notre inaptitude à exercer cette liberté si chèrement acquise…acquise au prix du sang et du sacrifice de nombreuses générations dont la seule gageure , le seul défi, était de triompher de la tyrannie !

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