Général Ammar, Lazard et bazar !

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On aura vécu une semaine mouvementée, ponctuée de rebondissements bluffants, de faits hallucinants, de scandales mettant en jeu la souveraineté du pays, son indépendance et son avenir.

Mais, comme si la situation ubuesque n’était pas déjà assez compliquée et carnavalesque, voilà que le général Ammar sort de sa réserve coutumière (façon de parler, car la grande muette a été assez volubile quand même) et nous annonce que le 14 Janvier 2011, Mohamed Ghannouchi, Ahmed Friaa , Ridha Ghrira et d’autres lui proposèrent de s’emparer du pouvoir de crainte que les islamistes ne fussent les principaux bénéficiaires politiques de la « Révolution ».

Ce putsch n’eut pas lieu en vertu des qualités morales du généralissime, de sa conviction que le processus démocratique engagé devait conduire à des élections libres et transparentes et du fait que l’armée doit préserver sa neutralité et œuvrer pour l’édification d’une République débarrassée de son passé tyrannique.

Cette fibre patriotique associée à un engouement pour la démocratie assez rare chez les troufions, nous laissent bien perplexe d’autant plus que l’intervention du Général ou ses aveux, sont d’une part tardifs et d’autre part peu précis quant à la façon dont les événements se sont déroulés au cours des premiers jours de la révolution.

Qu’il y ait eu plusieurs instigateurs et plusieurs plans pour détourner le cours de l’histoire et confisquer au peuple sa révolution, est un fait. Que les rcédéistes eussent tenté, en vain, un remake du 7 Novembre 1987, est une évidence. Que les diablotins tapis dans l’ombre eussent manœuvré pour que l’ancien régime conservât son hégémonie après avoir sacrifié Ben Ali et sa camarilla est une lapalissade.

Le Général n’ignore pas les nombreuses inimitiés que ses positions ont suscitées, il a compris que son nom surgira quelque part, d’une façon mystérieuse, pour l’impliquer dans une affaire louche où il sera question de collusion avec des puissances étrangères, de trahison, d’accord tacite et d’arrangements avec des services de renseignement étrangers pour précipiter la chute de Ben Ali et neutraliser un Seriati par exemple, tout aussi intéressé que lui par ce rôle de « sauveur de la nation » ou de « protecteur de la Révolution ».

Le Général, en réalité, botte en touche et ne divulgue pas tout. Traduit en termes clairs, son message crypté s’adresse à ceux qui l’ont déjà désigné comme bouc-émissaire et qui cherchent à lui faire endosser la responsabilité d’un putsch qui aurait avorté et dont il aurait été l’habile instigateur.

Attentif à ses mots et précautionneux malgré une éloquence paraplégique et soigneusement maladroite et hésitante, le Général menace sans oser le révéler ouvertement de tout déballer au cas où on lui chercherait des poux.

Néanmoins, dans le contexte actuel où un scandale chasse l’autre à une vitesse vertigineuse, où les intrigants supplantent les courtisans, les propos du Général, bien que graves, n’auront pas, dans l’immédiat, les effets escomptés.

La bataille de chiffonniers et de délinquants en cours au sein de Nidaa Tounès, les accointances troublantes de Yassine Brahim , la grande braderie de la souveraineté nationale sur l'autel des allégeances suspectes, sont autant de sujets brûlants qui mettent une sourdine aux accusations de Rachid Ammar et lui ôtent l’intérêt qu’elles auraient mérité si le contexte politique s’y prêtait, or, comme ça implose de toutes parts et que les pyromanes s’activent sur tous les fronts, aidés en cela par une noria de journalistes aux allures de mercenaires, il est peu probable, à moins que cela ne serve de diversion, que le Tunisien, abusé et désabusé, exige des explications, aussi sommaires et vindicatives soient-elles !

C’est désormais le grand bazar, et en allumant cette mèche au moment où l’Etat se désagrège, le Général à la retraite, accroit le risque d’un dérapage dont profiteront les marionnettistes et les vrais putschistes…qui ne sont pas nécessairement des bidasses !

Quand on voit ce que l'on voit, quand on entend ce que l'on entend, quand on comprend ce que l'on ne veut pas comprendre….on est édifié: on ne sait pas où auront lieu les prochaines élections et si d’aventure elles auront lieu : à l'ambassade d'Algérie, à la chancellerie allemande ou française, dans l'alcôve qatarie, à l'arrière-cuisine du proconsul américain, chez quelques baronnies mafieuses du grand Tunis?

Va-t-on procéder à un tirage au sort pour choisir le candidat ou à un tirage de langue pour voir laquelle est à même de bien lustrer les godasses des puissants?

Le peuple souverain étant réduit à la portion congrue, il n'aura qu'à cautionner les choix dictés par les puissances impériales.

Vous parlez de souveraineté???Non, mais vous êtes sérieux???Sans blague….

N.B : Moez Ben Gharbia est rentré de son exil suisse et ni le procureur de la République ni les instances judiciaires n’ont cru bon de le cueillir à l’aéroport pour vérifier s’il dispose des preuves de ses allégations. Normalement, il devait atterrir auprès d'une justice quelque peu sérieuse et un tant soit peu respectueuse du code pénal, auprès d'un psychiatre s'il fabule. .. Après être passé par la case justice. Bref, s'il s'agit d'une imposture, qu'il aille séjourner en prison, s'il a les preuves de ses allégations, que d'autres aillent en prison, mais quelqu'un doit y aller. Vous dites République bananière????


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