Edito : Nous sèmerons….

Nous sommes gens têtus et obstinés si bien que nous continuons l’aventure en dépit des contrariétés, des sables mouvants, des guets-apens et des horizons incertains.

D’autres auraient été tellement écœurés, tellement dégoûtés qu’ils auraient renoncé à ce plaisir indicible : partager avec vous, chers lecteurs et chères lectrices, nos opinions, nos joies, nos colères, nos passions, nos déceptions, nos certitudes, nos humeurs, nos analyses, notre pessimisme, notre optimisme, nos émotions….mais nous avons pu résister à l’abattement, à la lassitude, au découragement et nous nous sommes dits que les enjeux sont tels qu’il serait aberrant voire lâche de vous priver et de nous priver de ces menus plaisirs que seule une presse libre et indépendante peut procurer aux lecteurs exigeants et assoiffés de qualité.

Les expériences antérieures ont été bénéfiques bien que, quelque part, très décevantes. Elles nous donnèrent l’occasion, l’opportunité de mieux appréhender les difficultés que rencontre un journal d’opinion en Tunisie dès lors qu’il s’exonère du joug des allégeances idéologiques et politiques et qu’il cherche à creuser son sillon en dehors des sentiers battus et des accointances suspectes.

Cette liberté de ton et de jugement nous a valu de féroces inimitiés, de tristes cabales et de nombreux malentendus dont certains ont été instrumentalisés en vue de nous mettre la muselière ou de nous discréditer auprès de nos lecteurs.

Or, il est bien difficile de museler des personnes dont la principale vertu est le courage : courage de dire et courage d’assumer ce qui a été dit.

Serons-nous de bons semeurs ? Nous l’espérons, nous le souhaitons et sommes persuadés de notre détermination, de notre volonté commune, de vous fournir un journal ni quiet, ni inquiet mais dont le contenu est adapté aux contingences actuelles, aux préoccupations qui sont les vôtres, qui sont les nôtres.

Où en sommes-nous aujourd’hui, quelles sont les perspectives ?

Tunisie:histoire d'une transition bloquée!

Les évènements en cours en Tunisie nous livrent une leçon fatidique de l’histoire, celle de la transition toujours douloureuse de l'ordre ancien à l'ordre nouveau, lorsque le nouveau chasse l’ancien encore puissant par l'argent, les médias, l'administration et ses réseaux d'influence mais vétuste dans les perspectives politiques qui se précisent. La Tunisie est à une phase transitoire et les nantis et privilégiés ne peuvent l’admettre sans coup férir, sans tenter par tous les moyens, de bloquer le fleuve de l’histoire.

Le fait est si fort, si douloureux pour l’ancien régime et ses fiefs astreints de plus en plus à une influence amenuisée et menacée, que, sans s’en rendre compte, les agitations de ce mastodonte décadent, démasquent précisément l’incertitude d’une ancienne puissance tyrannique qui doit montrer les dents, sa force en menaçant tous pour les convaincre de sa prépondérance. « La force est tranquille » disait Mitterrand; en effet, seuls les fauves blessés ou vieillissants, de toute façon en cours de déclassement, ont constamment besoin de montrer leurs crocs pour rappeler et tenter de prouver qu’ils sont encore fauves…

La rage d’une contrerévolution qui fait trépigner les rcédéistes et leurs alliés serviles, dévoile la fin d’un moment de l’histoire.

Les laïus outragés des maquignons et maquisards de l'ancien système, déclarant avec une mignardise belliciste quasi puérile à ce niveau des choses que la Tunisie est la leur, qu'elle leur appartient et que rien ne se fera sans eux... nous amène donc à cette sorte de frénésie de ne pas perdre pied dans ce que le vieux despotisme croyait à jamais sien malgré la chute de la plupart de ses illusions .

Les partis constituant l'axe rcédéiste-destourien auront beau s'agiter dans tous les sens, leur hégémonie, elle, est morte. Ce temps-là est révolu. Ni la gauche républicaine, démocrate et laïque, ni le centre ni les islamistes, ni les jeunes révolutionnaires ne permettront la mainmise destourienne sur l’Etat, quitte à provoquer un crash à étendue imprévisible…

Le compromis, si nécessaire dans une phase aussi délicate de l'histoire du pays nécessite un socle commun de valeurs, une éthique politique, une bonne volonté commune et un souci commun de préserver la révolution, ses acquis encore fragiles et son élan démocratique fondé sur les principes de citoyenneté, de dignité, de justice sociale et d'équité. La promotion d'une vraie culture démocratique dépouillée des haines idéologiques sournoises, délétères, archaïques et désuètes est à même de reléguer toutes les forces réactionnaires au rang de comparses insignifiantes…

L'ouverture d'esprit et la vigilance sont nécessaires afin que notre expérience audacieuse, téméraire et singulière malgré ses nombreux couacs et pétarades...aboutisse et conduise vers l'instauration d'une vraie citoyenneté plurielle, intelligente, riche de sa diversité et surtout libérée et définitivement de toute forme de tutorat politique et idéologique.

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