Portrait d'une sauterelle chroniqueuse

Elle bondit, elle grésille, elle s’agite. La sauterelle chroniqueuse ne pense pas, elle réagit. Elle ne construit pas, elle commente. Elle ne comprend pas, elle répète. C’est une créature médiatique, née dans les interstices du buzz et nourrie aux miettes des puissants.

Opportuniste de naissance, elle change de ton comme de perchoir. Hier thuriféraire d’un tyran, aujourd’hui aboyeuse contre ses anciens maîtres, demain courtisane d’un nouveau despote. Elle ne connaît ni fidélité ni conviction — seulement l’odeur du pouvoir et le bruit des applaudissements.

Flatteuse professionnelle, elle lèche les bottes avec une élégance de caniveau. Elle s’incline devant les puissants, les tyrans, les imposteurs, avec une révérence qui ferait rougir un valet de Louis XIV. Elle est le fossoyeur des démocrates, le porte-voix des fâcheux, le mégaphone des facho-grincheux.

Violente dans ses mots, vide dans sa pensée, elle éructe plus qu’elle n’argumente. Elle confond colère et courage, vulgarité et vérité. Elle est populiste sans peuple, démagogue sans idée, imposteur sans talent.

Dépourvue de culture, elle cite sans lire, elle commente sans comprendre. Elle est suffisante, arrogante, cynique — persuadée que le sarcasme est une pensée, que l’insulte est une opinion, que le bruit est une forme de présence.

Et pourtant, elle est là. Partout. Sur les plateaux, dans les colonnes, sur les réseaux. Elle saute, elle grésille, elle s’agite. Elle est la sauterelle chroniqueuse: nuisible, bruyante, et étrangement indéboulonnable.

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