Les crispations de l'ancien, les perplexités du "nouveau"...rester au milieu du gué n'est pas une alternative....

Par ancien nous n'entendons pas uniquement le régime politique...mais toutes ses ramifications et elles sont nombreuses et inextricables : administratives, policières, judiciaires, médiatiques, culturelles, syndicales, corporatistes…Ce n'est pas exactement une nébuleuse, mais un vaste réseau fondé sur deux piliers: les allégeances claniques, régionales, familiales, corporatistes et l'opportunisme....

Ce fut la culture de l'Etat-parti , celle qui nous avait imposé deux tyrannies: celle de l'administration et celle du RCD....Ces épousailles qui ont duré soixante ans et plus ont perverti l'Etat le soumettant à l'hégémonie du parti et des familles et clans qui le dirigeaient si bien que L'Etat fut confisqué par le parti et qu'il devint sa propriété privée d'où étaient exclus ceux qui étaient à la lisière du parti unique....

Nous parlons donc de milliers de personnes qui ont rejeté la révolution et la transition démocratique qui en découle parce qu'ils craignaient de perdre leurs privilèges et leur pouvoir, aussi modeste soit-il, ils ont trouvé en Ennahdha leur exutoire et ont réussi à attiser les haines les plus imbéciles et les phobies les plus malsaines pour garder intact leur pouvoir de nuisance et le renforcer au fur et à mesure que la transition se fragilisait et que le consensus volait en éclats....

Certes, le front des anciens ne fut pas aussi solidaire que cela parce que maintenus autrefois sous le joug du dictateur, ils se sont libérés de cette tutelle et leurs convergences furent soit ponctuelles soit accidentelles mais jamais déterminées par des convictions communes, la plupart étant opportunistes, leur union forcée était souvent dictée par la convergence de leurs intérêts.

Le "nouveau" a amorcé sa crise et son déclin au lendemain de la Révolution, incapables de constituer un front commun pour faire face aux complots quotidiens des vestiges de la dictature et de ses puissants réseaux, incapables de surmonter leurs propres contradictions, incapables de mettre entre parenthèses leurs conflits idéologiques archaïques et passéistes, incapables de s'affranchir de leur culture totalitaire et de se transformer en partis modernes et démocratiques, incapables de rajeunir leurs effectifs et d'enrôler des personnes moins infectées par les querelles idéologiques d'antan et plus tournées vers l'édification d'un Etat moderne et démocratique….tous ont contribué à l'échec du processus et à sa lente mais inexorable décomposition.

Il serait aisé de rester au milieu du gué et de dénoncer la résistance des anciens et la naïveté du "nouveau", or, un démocrate, aussi critique soit-il, doit se convaincre qu'il existe des priorités : la priorité aujourd'hui est de combattre populisme et fascisme et de faire tomber le putsch…Les débats et les polémiques stériles sont à tout le moins farfelus aujourd’hui, la menace est telle qu’il serait insensé de palabrer sur le sexe des anges !!!

Cela nécessitera l'union de tous les vrais démocrates, nous savons que pareille union est indispensable en dépit des difficultés inhérentes au manque de maturité de la classe politique tunisienne issue de la Révolution et parfois de sa candeur ou de son cynisme, après, il faut bâtir pierre par pierre un nouvel État, celui-ci étant depuis longtemps périmé…Inutile d'imaginer qu'il puisse être réformé…il doit être démocratiquement démantelé…ainsi que tous les réseaux qui ont profité de ses largesses ….

La deuxième République italienne est née sur les décombres des clans mafieux qui gouvernaient l'Italie, une justice forte et indépendante a balayé d'un revers de main plus de quarante ans de l'histoire politique italienne et a démasqué avant de les démanteler les connivences entre pouvoir politique et pouvoir mafieux, en Tunisie aussi , ce lien ombilical doit être définitivement rompu.

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