Ça me rappelle le retentissant " je vous ai compris" du Général De Gaulle....Il y a comme une espèce de malédiction qui s'est abattue sur ce pays et qui nous empêche de devenir un pays libre et démocratique...Quelque chose d'étrange et de bizarre, d'inqualifiable, d'inquiétant, quelque chose d'atavique, comme une tare génétique que l'on hérite de père en fils et qui au fil des siècles devient la marque de fabrique d'une nation.
Ignorance, veulerie, petitesse, opportunisme, mépris de soi, hypocrisie, couardise, volonté irrépressible d'être un essuie-pieds, une serpillère, un courtisan, un bouffon, un moins que rien, un petit caillou insignifiant dans l'épais brouillard de la dictature…
C'est terrible de constater que dans cette fête foraine permanente , rien de sérieux ne peut être envisagé...J'ai beau me concentrer pour formuler une idée qui soit une perspective, une vision d'avenir, une esquisse d'un projet, quelque chose qui s'apparente à une réflexion profonde sur notre devenir commun...rien, nada, nothing...Le spectacle est tellement ahurissant, tellement pathétique, tellement avilissant, que porter le moindre jugement, poser calmement la moindre analyse ....relève de la prouesse intellectuelle.
Les vents impétueux de ce populisme braillard et ignorant rendent dérisoire tout effort intellectuel, une telle régression est une offense pour l'intelligence, un immense camouflet pour nous tous, une insulte à notre lucidité commune.
Il est vain de parler de raison et de bon sens quand tous sombrent dans l'idiotie et le ragot, quand tous se laissent berner par des Tartuffes et des bonimenteurs...Toutes ces clowneries grotesques que nous impose un régime presque monarchique mais tout à fait ridicule.
Tout le monde est responsable de ce mauvais vaudeville…et tout le monde regrettera sa passivité et sa léthargie....
Ça nous arrive d'avoir un sursaut d'orgueil, un moment de rébellion, mais c'est épisodique, éphémère, comme si nous avions peur d'être libres, d'être adultes, d'être responsables de notre destin, comme si nous ressentions le besoin d'être mis sous tutelle et de nous sentir protégés par un tyran, fût-il le plus grotesque des tyrans.
Nous ne réalisons pas encore que notre misère, notre déchéance, notre indigence sont éminemment intellectuelles et morales et que nous craignons l'avenir parce que nous ne l'imaginons même pas, préférant nous réfugier dans un passé fantasmé, nous méfiant du présent et des défis d'une époque où les peuples serviles seront réduits à l'esclavage...et nous accommodant de nos nombreuses stérilités et impuissances.
Pourtant, il y a du génie dans ce peuple, mais un génie fainéant, paresseux, indolent, peu ambitieux et quelque part soumis à la médiocrité…Oui, la médiocrité à laquelle on s'est habitué au point où la réussite est devenue une gageure et le réceptacle de toutes les inimitiés et de toutes les jalousies…
Tout est médiocre: l'enseignement, la culture, la santé publique, l'administration publique, les médias, la justice…et on traine ce boulet de canon depuis des décennies, toutes noires, à cause d'un régime dictatorial mafieux, arriviste, kleptocrate et irréductiblement médiocre car fruit avarié de toutes ces médiocrités….
Nos malaises s'accentueront et s'amplifieront tant que nous n'avons pas compris qu'un peuple ignorant et servile ne peut pas être un peuple respecté et respectable….