Les Chiens Aboient, La Caravane Passe

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Ils ont lancé une provocation militaire dans la mer de Chine du Sud. Où, selon la novlangue pentagonesque, ils ont défié les revendications chinoises sur des eaux contestées.

Les laquais proverbiaux inoxydables de l’Empire du Chaos – Australie, Japon, et Philippines – ont approuvé. L’Indonésie note sobrement qu’il s’agit essentiellement d’une provocation inutile.

Au moins l’amiral Harry Harris, à la tête de l’US Pacific Command, se réunira-t-il début novembre à Pékin avec les hauts dirigeants militaires chinois pour désamorcer les tensions récurrentes dans la mer de Chine du Sud – créées par les suspects habituels.

Il n’y a aucune preuve que la spirale de la provocation sera désamorcée de sitôt. Les États-Unis et le Japon agissent de concert dans la mer de Chine du Sud. Pékin a déjà clairement fait savoir à Washington, à de nombreuses occasions, que si une résurgence militaire de Tokyo commence à apparaître dans le jeu naval, la réponse sera dure.

Cela peut se produire via les Philippines, armées par le Japon, essayant de provoquer la Chine sur un îlot contesté dans la mer de Chine méridionale, et comptant sur la cavalerie, l’US Navy, pour venir à la rescousse. Les Chinois vont expliquer clairement à l’amiral Harris que les États-Unis joueraient avec le feu.

Le véritable ennemi public

La dernière bagarre décousue en mer de Chine méridionale n’a pas mobilisé les manchettes de la presse, car tout le monde était occupé à faire la Shinsanwu.

Il s’agit de la version pop – complète et chantée – du 13e plan quinquennal de la Chine, qui, après quatre jours de débat a gravé dans le marbre la feuille de route pour 2020.

Donc, le monde doit s’attendre à un effort collectif massif car la Chine va continuer de croître au taux énorme de 6,5 pour cent par an en peaufinant lentement mais sûrement son modèle économique. En tant que tâche historique, elle rivalise avec les trois décennies du miracle chinois déchaînées par les réformes du Petit Timonier Deng Xiaoping devenir riche est glorieux.

En parallèle, attendez-vous à voir Washington rester obsédé par l’ennemi public numéro un. Non, ce n’est pas le président russe Vladimir Poutine. C’est la Banque centrale de Chine.

La Banque centrale de Chine est pleinement engagée dans la création d’une monnaie de réserve mondiale constituée d’un panier de monnaies et contrôlée par le FMI. Le processus doit être fondé sur les parts du FMI détenues par ses 185 pays membres, les droits de tirage spéciaux (DTS).

La nouvelle monnaie mondiale doit être utilisée pour le commerce, pour la fixation du prix des matières premières, la comptabilité et les finances publiques.

Pour Washington, sans surprise, une alternative globale au dollar US est un anathème absolu.

Donc la poussée implacable de Pékin pour réformer les institutions de Bretton Woods en donnant une plus grande voix aux BRICS continuera à rester au point mort.

Eh bien, c’est quand même toujours OK pour Pékin – parce que la poussée est maintenant reportée vers beaucoup d’autres chantiers : la Nouvelle Banque de développement des BRICS (NDB) ; l’infrastructure asiatique de la Chine dirigée par Investment Bank (AIIB) ; davantage de coopération économique à l’intérieur de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) ; et l’expansion fabuleuse dans les dix prochaines années des nouvelles routes de la soie, ou Une route, une ceinture comme on les appelle en Chine. Celle-ci a beaucoup d’options pour employer ses quatre mille milliards de dollars de réserves de change – la plus grande réserve du monde.

Le retour des morts-vivants

En parallèle, le partenariat stratégique Russie-Chine continue à avancer car la Russie est maintenant le principal fournisseur de pétrole de la Chine.

Xi Jinping, pas par hasard a été accueilli comme un ersatz de roi d’Angleterre dans son dernier tour de force, tout comme la Chancelière Angela Merkel l’a été en Chine avec les yeux des industriels allemands hypnotisés par les Nouvelles routes de la soie, dont l’un des terminus est à Duisburg.

Aussi bien, et pas par accident, le ministre de l’Économie allemand, Sigmar Gabriel, lors d’une rencontre avec le président Poutine, a déclaré que les sanctions de l’UE contre la Russie devraient être assouplies. Le commerce bilatéral germano-russe est désormais l’otage des sanctions de l’UE sur la Russie, largement imposées aux laquais habituels par Washington. Berlin veut en sortir, vite. Alors que faire s’il y a des frictions entre l’Allemagne et son arrière-cour d’Europe centrale et orientale [dévouée aux intérêts de l’Oncle Sam, NdT] ?

Pendant que l’intégration énergétique germano-russe procède sans relâche, la société civile à travers l’Europe est en train de se lever en force contre les manigances de l’Otan.

Le projet Une ceinture, une Route sera un moyen de débloquer toutes ces situations imbriquées car il s’agit du premier projet d’intégration pan-Eurasien, une caravane multiethnique proposant tous azimuts le commerce et non pas la guerre. Voici les bases.

Il n’y a rien d’étonnant à ce que Washington soit aussi terrifié de l’intégration BRICS, NDB, l’AIIB, l’OCS, des Nouvelles routes de la soie ainsi que de la Banque centrale de Chine.

Alors qu’est-ce que nous propose le Beltway [le périf de Washington, NdT] comme horizon pour le XXIe siècle ? Le retour des morts vivants – comme dans le manifeste 2016 des néocons. Puissent-ils se prélasser dans leur lueur d’une guerre sans fin.



° Pepe Escobar est un journaliste brésilien de l’Asia Times et d’Al-Jazeera. Pepe Escobar est aussi l’auteur de : « Red Zone Blues : a snapshot of Baghdad during the surge » ; « Obama does Globalistan » (Nimble Books, 2009), Empire of Chaos (Nimble Books, 2014)

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