En dehors du cercle des larbins, les Tunisiens savent très bien que les Gabésiens ont raison.

Les manifestants ne réclament pas des privilèges. Ni des miracles. Ils réclament le droit de respirer. Et voilà que, face à cette exigence vitale, le pouvoir dégaine son arme favorite: la diversion économique.

Le Criquet du pouvoir, ce petit insecte rare, nous prévient; si l’on ferme le groupe chimique, les pommes de terre grimperont à 7 dinars le kilo. 7 dinars. Le prix de la complicité, paraît-il.

Mais derrière cette rhétorique absurde se cache un dessein plus sournois; faire peur aux autres Tunisiens. Semer l’idée que la lutte de Gabès menace leur quotidien. Que la solidarité coûtera cher. Que soutenir une région sinistrée, c’est risquer de payer ses légumes au prix fort.

Et c’est bien là toute la stratégie d’un pouvoir totalitaire; isoler Gabès, la présenter comme égoïste, irresponsable et ingrate. Et surtout détourner l’attention du vrai scandale: des décennies de pollution, de maladies respiratoires, de nappes phréatiques souillées.

Comme si la diabolisation des manifestants ne suffisait pas. On les a qualifiés d’infiltrés, de saboteurs, de hors-la-loi et de conspirateurs… C’était la première carte brandie: la diversion sécuritaire. Mais ce vieux disque est rayé. Il ne convainc plus personne. Car en dehors du cercle des larbins, les Tunisiens savent très bien que les Gabésiens ont raison.

Gabès ne demande pas la lune. Elle demande qu’on cesse de l’empoisonner. Et si cela implique de repenser un modèle industriel obsolète, alors qu’il en soit ainsi. Car ce qui coûte cher, ce n’est pas la fermeture du groupe, c’est son maintien. Ce qui menace le pays, ce n’est pas le prix de la patate, c’est le prix du silence.

Alors que le Criquet continue de bourdonner et de chanter ses couplets alarmistes, Gabès avance. Elle inspire. Elle réveille. Et bientôt, tous les Tunisiens comprendront que ce qui menace le pays, ce n’est pas le prix de la patate, mais c'est le prix du silence.

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