Le silence ne suffit pas. Parce que le monde, dans sa brutalité nue, exige une réponse qui ne soit ni cri ni fuite, mais forme. Alors j’écris pour donner à l’invisible une chair de mots, pour que le tremblement devienne phrase, pour que la blessure trouve syntaxe et pour que le chaos s’ordonne sans se trahir.
J’écris parce que la vie ne me suffit pas. Il faut encore que je comprenne, que je transfigure, que je témoigne. Il faut que la douleur ait un rythme, que la joie ait une ombre, que l’amour ait une mémoire. J’écris pour que ce qui me traverse ne se perde pas dans l’oubli des jours. Pour que le fugitif demeure et pour que l’éphémère s’inscrive dans la pierre du langage.
J’écris contre l’effacement. Contre l’indifférence, l’amnésie des foules, la tyrannie. J’écris pour nommer ce qui dérange, ce qui brûle, ce qui résiste. Pour que la parole soit à la fois une arme et une lampe dans la nuit.
J’écris parce que je suis seul, et que chaque mot est une tentative de lien. Parce que dans l’acte d’écrire, je me retrouve et je me perds, je me parle et je m’écoute, je me construis et je me défais. J’écris pour habiter ce monde autrement, pour le rêver sans le fuir et pour le dire sans le dominer.
J’écris parce que je n’ai pas le choix. Parce que l’écriture est une nécessité, une respiration, une forme de dignité. Elle est ce qui me sauve du mutisme, du cynisme et de la résignation. Elle est ce qui me rend humain, fragile et debout.