Chroniques apocryphes du bâtisseur de la 'Nouvelle République'.(22)

J-4.

Trois concours de circonstances m’ont grandement aidé dans mon ascension fulgurante vers Carthage à l’issue de ma campagne électorale, il est vrai, sans direction générale ni plan d’ensemble.

La première, c’est l’attitude bienveillante des médias et surtout le fait qu’ils parlaient le même langage que le mien. Celui d’un antiparlementarisme larvé, voire un antipolitisme latent, affectant les classes moyennes sensibles à leur influence et qui se détournaient du système politique en place depuis 2014.

Deuxio, l’extrême fragmentation de Nida Tounès, parti majoritaire issu des législatives de 2014, qui a trusté tous les pouvoirs au sommet de l’Etat, et qui au terme d’un mandat chaotique, s’est scindé en plusieurs groupuscules après s’être déchiré en querelles de chiffonniers, pour une histoire de lignage mal négociée.

Enfin, le nombre important de candidats qui se sont lancés dans la course à l’élection présidentielle, dès la nouvelle de la disparition de Béji Caïd Essebsi . Alors que le mécanisme du mode de scrutin majoritaire à deux tours commandait le rassemblement des candidatures par familles de pensée et courants.

Des partis du centre (Tayyar, Takatol, Badil, Machrou, Tayhia Tounès), sans renouvellement idéologique et dont la raison d’être n'était ni d’encadrer les électeurs, ni de former les militants, mais seulement d’être la plate-forme nécessaire à l’action politique d’un personnel soucieux, en premier lieu, de l’exercice du pouvoir, présentaient chacun un candidat.

Nida Tounès, dans son implosion, a réussi le tour de force d’en proposer cinq !!!

Au surplus, la plupart de ces candidats savaient pertinemment qu'ils n'avaient aucune chance de décrocher une députation aux législatives. C'est pourquoi, ils ont préféré, pour se donner une visibilité, impact médiatique aidant, se lancer dans la course à l'élection présidentielle pour pouvoir se ménager plus tard, un poste ministériel dans de futures coalitions, de bric et de broc.

Ainsi, face au fossé qui s’agrandissait entre le pays légal (classe politique) et le pays réel (suffrage universel), il ne me restait plus, en présence de partis qui divisaient et se divisaient, que de jouer la petite musique de la défense du peuple contre les oligarchies, tenir un discours de moralisation de la vie politique, distiller l’idée de l'inéluctable révision du régime parlementaire prétendument inadaptée à nos mœurs politiques.

Pour, sans trop le dire, le remplacer, par un régime d'exception, le moment venu.

Bref, je jouais sur du velours…

Au second tour, des partis comme Echaab, Tayyar, et des politiciens que je croyais pourtant madrés, comme Lotfi Mrayhi, Safi Said, Mohamed Abbou, ont été jusqu’à trouver en moi, leur Jacobin incorruptible, celui dont ils rêvaient et m’ont donc soutenu au second tour.

Ils étaient loin d'imaginer que sommeillait en moi, un avatar du Césarisme, qui nourrit une aversion assimilant le jeu politique au domaine du mal et qui parle au nom du peuple pour prendre tous les pouvoirs…

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