Chroniques apocryphes du bâtisseur de la 'Nouvelle République'.(20)

J-6.

Ces derniers soirs, je n'arrive pas à trouver le sommeil, mes nuits étant agitées par un sentiment de culpabilité qui me tenaille. Non pas, par le fait d'avoir proposé une nouvelle constitution suffisamment floue pour faire peur à tout le monde, en m'appuyant sur d'imaginaires 'mesures exceptionnelles' dont j'ai abondamment fait une interprétation libre. De ce point de vue, la cause est entendue.

Des constitutionnalistes de la trempe de Belaïd et Mahfoudh, Intellectuellement honnêtes par spéculation, ont avalisé cette glose. Ils m'ont même, du haut de leur mandarinat, carrément reconnu un pouvoir…Constituant. Pas moins…

Et j'ai su les remercier en leur faisant croire, un moment, qu'ils allaient être les rédacteurs en chef de la nouvelle loi fondamentale. Pour me raviser par la suite, en faisant passer leur projet de texte sur mon lit de Procuste.

Sens du discernement ou manque de loyauté de ma part ?

Qu'importe, parce qu'en matière de constitution, comme en d'autres choses, il vaut mieux être servi par soi-même... Mais, avec le recul, ce qui me tourmente le plus, c'est lorsque je pense aux sources légales ou mieux, à l'exégèse juridique, qui m'a conduit à annuler, urbi et orbi, la constitution de 2014.

Vous me direz qu'elles coïncident avec ma décision de passer par un référendum, ce qui tombe sous le sens... Toutefois, je m'efforce de chercher et je ne trouve pas.

Hormis les certitudes qui m'habitent, qu'est ce qui m'a conféré ce pouvoir exorbitant de mettre un terme à une constitution légitimement adoptée par une assemblée aussi nationale que souveraine ? L'appel au peuple pour abolir le régime parlementaire ? Le recours à l'Arp pour ratifier une nouvelle constitution ? Mais quand ?

J'ai beau cogiter, fouiller dans mes souvenirs, retourner dans les tous les sens les comparaisons entre la théorie de la souveraineté nationale de l'Abbé Sieyès et celle de la souveraineté populaire chère à Rousseau, je me perds en conjectures.

A tel point, que je crois être tombé dans un trou de mémoire...

Aucun fondement juridique, aucun principe doctrinal ou encore credo dogmatique n'est susceptible de venir à mon secours pour justifier ma constitutionnalicide. Et c'est là que le bât blesse…

Nul doute que, si les choses venaient à tourner à la déconfiture après ce 25 juillet, il n'y aurait pour moi, pas loin du Capitole à la Roche Tarpéienne…

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