Tunisie : 2011/2021…Qui a réellement gouverné le pays ???

Le drame qui enveloppe de son funeste voile notre paysage politique, depuis 10 ans, n'est pas la présence d'Ennahdha au pouvoir. D'abord, dire que ce parti gouverne depuis 10 ans est pour le moins abusif sur le plan comptable.

Si l'on ôte l'année 2011 puis 2014 pendant lesquelles ont gouverné, respectivement Béji Caïd Essebsi et Mehdi Jomaa, dans des circonstances politiques particulières de transition, et pour cause, sans la participation de ce parti, et si l'on y ajoute les 18 mois du gouvernement conduit par Habib Essid (février 2015 à juillet 2016) cela fait, objectivement, déjà 3 années et demie soustraites aux 'griffes' de ce parti.

Ensuite, tous les gouvernements qui se sont succédé depuis Essid (Chahed I & II) se sont accommodés et du soutien et de la participation de Ennahdha, sans qui point de composition gouvernementale possible. On peut encore pousser la démonstration jusqu'à à l'année 2020 où le gouvernement mis en place à partir de mars n'a fonctionné que 6 mois. Tandis que le gouvernement qui lui a succédé a surtout pêché d'avoir été soutenu par ce parti.

Sauf que, là où le 'soutien sans participation' à un gouvernement veut dire quelque chose sous d'autres cieux, ce concept, dans nos contrées, est l'objet du plus délirant amalgame tant par nos élites que par l'opinion publique générale, qui éprouvent le plus grand mal à discerner entre soutien et participation à un gouvernement.

Mœurs démocratiques et culture politique obligent...

Bref, le plus dramatique, pour revenir au propos initial, n'est pas la présence ou pas de Ennahdha au 'pouvoir', comme on dit pompeusement, mais bien l'incapacité congénitale depuis 10 ans, de la sphère non islamiste, c'est à dire les 3/4 de notre échiquier politique, à se structurer en deux ou seulement trois grandes formations qui seraient susceptibles de rassembler contre Ennahdha, de la combattre politiquement, et ce faisant, d'incarner une sérieuse alternative.

D'ailleurs, ce qui s'est passé au milieu de 2019, est encore dans toutes les mémoires. Ce moment de bascule, où dès la disparition de Béji Caïd Essebsi , plusieurs 'leaders' de la même famille politique ont brusquement décidé de se porter candidats à l'élection présidentielle, croyant leur heure venue, oubliant en même temps, les valeurs, principes et logiques d'union.

Sans parler de la pléthore de partis de la même famille qui se sont présentés aux législatives dans des listes séparées... dans un contexte de désaffection des élections par les électeurs...

Depuis, rien n'a été accompli. Bien au contraire.

A ce magma non islamiste, diffus et dispersé, s'est ajoutée la composante populiste qui dormait jusque-là…

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