Une leçon d'humilité !!!

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Je suis très surpris par le fait que le débat politique se porte avec rapidité sur le futur duel entre Kaïs Saied et Nabil Karoui à travers les ruines encore fumantes de la grosse débâcle du camp démocrate, moderniste et progressiste. Lequel, semble tout content, grâce au principe médiatique qu'une actualité en chasse une autre, d'échapper à son bilan critique et à toute introspection.

Cependant il m'apparaît utile, pour ne pas dire de salubrité publique, de s'attarder encore sur les causes ayant conduit à cette déroute électorale.

J'ai donc une histoire à raconter à tous nos néophytes candidats autoproclamés du centre-droit allant de M. Jomaa à S. Aidi en passant par Y. Chahed et du centre-gauche allant de M. Abbou à M. Rahoui en passant par A. Briki.

C'est ainsi qu'en 1965, en France, s'est déroulée la 1ère élection présidentielle au suffrage universel direct via le mode de scrutin majoritaire à deux tours, telle qu'instaurée par le référendum de 1962.

Le favori de cette élection était le Général De Gaulle, himself, père de la constitution de la 5ème République fondée en 1958. Qui s'est proposé d'aller défier l'illustre homme politique (75 ans) au faîte de sa puissance et de sa gloire ? :

F. Mitterrand, 49 ans, une des étoiles montantes de la gauche non-communiste, plusieurs fois jeune ministre sous la IVème République (1946-1958) et auteur d'un fracassant pamphlet au vitriol contre De Gaulle ("Le coup d'Etat permanent").

Au terme de cette élection, il réussit à mettre en ballottage le Général qui croyait être confortablement élu dès le 1er tour. Il en a donc fallu un second que celui-ci emporta finalement à 55%/45 %.

Par la suite et avant la fin de ce septennat, une élection présidentielle anticipée a dû être organisée après le départ du Général en 1969.

Les Gaullistes avaient leur candidat désigné en la personne de G. Pompidou, le centre droit A. Poher et les communistes, J. Duclos. La gauche non-communiste encore désorganisée et redevenue embryonnaire, s'est évidemment tournée vers F. Mitterrand, 53 ans, pour en faire son candidat naturel.

Comment a réagi ce dernier ? Il s'est récusé au motif que les forces de cette gauche étaient insuffisamment préparées à cette élection venue subitement. Et qu'après la débâcle des législatives de 1968 où elle perdit plus de 100 députés, elle devait plutôt penser à se structurer et à se rassembler au lieu d'aller à une élection dont le sort était connu d'avance puisqu'après les événements de mai 68, la droite est redevenue majoritaire politiquement et même sociologiquement.

Mitterrand décida donc de passer la main à son aîné G. Defferre (son futur ministre de l'intérieur en 1981) qui réalisa sans surprise un très modeste score de 5%.

A aucun moment, malgré sa performance en 1965 et l'aura qu'il acquit à cette occasion, Mitterrand ne s'arrogea le droit de représenter ipso facto son camp. Au contraire, il préféra lucidement s'effacer, considérant qu'il n'était pas en situation ni en capacité de conduire les siens lors de cette élection.

Deux ans plus tard, il sortit vainqueur du célèbre congrès d'Epinay donnant naissance au PS et qui ne tardera pas à supplanter le grand PCF dans la conquête du pouvoir par la gauche.

Une leçon d'humilité et de discernement à méditer par nos nombreux candidats aux petits pieds et aux grands egos…

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