Chroniques apocryphes du bâtisseur de la 'Nouvelle République'.(24)

J-2.

J'avais cru qu'avec mon choix de désigner Mechichi comme nouveau chef de gouvernement, j'allais enfin pouvoir gouverner aussi, parce que présider ne me suffisait guère. Mais j'allais vite déchanter. S'agissant du partage des pouvoirs à la tête de l'exécutif, ce chef de gouvernement avait une autre grille de lecture que la mienne.

Pour lui, il s'agissait d'une dyarchie, alors que moi je n'y voyais qu'une sorte de monarchie républicaine qui m'empêchait de verser dans l'absolutisme.

Il pensait qu'un chef de gouvernement n'était redevable qu'à l'égard de la coalition qui le soutenait alors que je considérais qu'il ne pouvait être que mon homme-lige dans cet attelage, puisque c'est moi qui l'ai choisi pour ce poste.

De ce fait, il s'est vite entendu avec les deux partis arrivés en tête et qui voulaient me rendre gorge de ne pas avoir désigné, à deux reprises, le candidat sur lequel se sont portés leur attention (F. Abdelkafi).

Mais il a fait une grossière erreur de jugement, oubliant que mes harangues enflammées contre la corruption, contre la classe politique, me valaient sauf-conduit auprès de l'opinion publique et me permettaient ainsi toutes les ruptures de légalité qui me passaient par la tête.

Ainsi, bien que la constitution me réservât comme chasse gardée la diplomatie et la défense, il me fallait d'autres postes régaliens, entre autres, la police et la justice.

D'ailleurs, je ne me suis pas privé d'y installer des gens sûrs ainsi que dans d'autres postes ministériels tant politiques que techniques.

Et ce qui a donné le coup d'envoi aux hostilités, c'est que quelques mois après sa prise de fonction, il a évincé de 'mon' gouvernement 'mon' ministre de l'intérieur. Comme ça, ad nutum, sans s'en référer à moi.

L'animosité envers cette coalition ostensiblement insolente, que ressentait une grande partie de l'opinion publique ainsi que l'inimitié des médias, m'ont permis, dès lors, de sonner la charge contre lui.

Alors que j'avais 'compétence liée' comme j'aimais à le dire et répéter, lorsque je passais d'un plateau télé à l'autre avant mon élection, j'ai refusé, obstinément, de laisser prêter serment, toute une palanquée de 11 nouveaux ministres régulièrement investis par l'Arp, au motif que 4 d'entre eux étaient de corruption, sans nommer lesquels et bien entendu, sans en apporter la moindre preuve.

Privant du coup, le gouvernement d'un remaniement conséquent dans un contexte de quadruple crise : institutionnelle, sociale, économique et sanitaire.

C'était pour mieux accabler son chef d'incompétence notoire, tandis que je l'avais placé sous camisole… Au registre du comportement retors, je reconnais qu'il s'agit d'une performance mondiale…

Puis, j'ai récidivé dans la foulée, en refusant de promulguer la loi portant création de la cour constitutionnelle, au motif abscons et passé complètement inaperçu et par les médias et par mes alliés, que la nouvelle Arp est responsable des turpitudes de…. Sa devancière.

Un argument aussi saugrenu que farfelu mais qui est passé quand même, comme une lettre à la poste.

D'ailleurs, j'avais même la conscience tranquille puisque des députés du duo Echaab-Tayyar, aveuglés par leur haine anti Mechichi, ont été jusqu’à m'implorer, en formant un recours, de ne pas promulguer cette loi.

Les six derniers mois du chef de gouvernement , avant que je ne le révoque, dans une énième rupture de légalité, furent pour lui un supplice de Tantale. Ma directrice de cabinet, Akacha, qui fût son ancienne camarade de fac, se chargeant des nécessaires coups de boutoir en coulisses pour le fragiliser davantage.

Allant, pour mieux le laisser se débattre sans munitions face à la colère populaire qui grossissait, jusqu'à lui soustraire les millions de vaccins qui débarquaient des avions depuis le début du mois de juillet.

Et c'est comme cela qu'advint le contexte explosif du 25 juillet dernier : les difficultés sociales consécutives à la crise économique due à la pandémie Covid, la montée de la marée de l’antiparlementarisme, le spectacle d'un régime politique qui donnait l’impression d’être aussi fragile qu’impuissant, l'attente du peuple en qui reste un vieux sédiment d’idolâtrie expliquent évidemment l’apparition du sauveur que je suis….

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