Lettre ouverte à madame Faouzia Zouari

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À ma concitoyenne qui regrette d'être née arabe.

Il y a des jours où je regrette d'avoir la même nationalité que certains pseudo-penseurs qui ne lui font pas honneur. Le jour où je me réveille sur les jérémiades des aliénés culturels qui ne trouvent rien de mieux pour prouver leur allégeance à leur maître que de se faire ses sous-fifres, le sombre écho de son délire, en couvrant d'ignominie une nation entière ; et où je m'endors avec l'espoir morbide que ce maître fourbe et cruel ne réussira pas à nous anéantir avec la bénédiction de la légion de mercenaires achetés au prix du sang. Du sang contaminé en Libye, du sang versés flots en Algérie, du sang sucé goutte à goutte sur le sol du bonheur chimérique, en métropole.

Madame fait sa scandalisée à cause des cadavres qui jonchent les rues de Bagdad et Beyrouth par la faute des kamikazes. Bien sûr, parce que les cadavres en putréfaction des musulmans de Burma, les charniers de Bosnie ou les corps disloqués des combattants du FLN en Algérie sentent la rose fraîche. ? Est-il vraiment utile de rappeler à madame d'autres fatwas meurtrières édictées par les " cheikhs manchots " ? En voilà quelques-unes : le bombardement de l'abri Al Aamiriya en Iraq pendant la guerre du golfe, la destruction de ce pays pour non-possession d'armes non-conventionnelles, le démembrement du Moyen-Orient pour installer un état théocratique fasciste, l'assassinat par cet état voyou de la plupart des activistes palestiniens, dont un vieillard handicapé, un cheikh comme vous ne les aimez pas, il s'appelait Ahmed Yassine, canardé sur sa chaise roulante par rien de moins qu'un missile. Vous voulez d'autres fatwas tout aussi joyeuses ?

Grâce à des fatwas hautement empathiques de l'occident philanthrope où vous ne regrettez pas de vivre, Israël, le premier pourvoyeur du cimetière au Moyen-Orient, reste impuni avec toute l'arrogance de ceux qui savent qu'ils sont intouchables.

Ce sont de pareilles licences légitimes qui ont permis au Ku Klux Klan d'exister, aux justiciers infaillibles de traquer et assassiner Che Guevara, au Nazisme d'être reconnu en 1938 par les preux chevaliers de l'équité couillonne, à la famille Le Pen de faire de la haine un programme politique, aux puissances colonisatrices de vampiriser le monde pendant des décennies, de morceler des pays en fonction de leurs intérêts, à l'occident dont vous êtes si fière de distribuer à sa guise les titres d'accès au paradis terrestre..

Mais bon, madame fait sans doute partie de ces êtres supérieurs qui pensent que c'est l'habit d'une personne qui détermine son quotient intellectuel et que les fatwas legicides et génocides sont plus justes quand c'est un cheikh cravaté qui les pond.

Madame, vous avez raison, c'est horrible de forcer une gamine de neuf ans au mariage. Être tripotée et violée par un prêtre pédophilie est beaucoup plus propre. Il faudrait peut-être demander leur avis aux esclaves razziées en Afrique et jusqu'en Tunisie, chose dont attestent les archives de certaines églises de France et d'Italie. Peut-être faudrait-il également demander leur avis aux enfants mis en valeur par l'industrie du porno protégée par les réseaux de personnes très comme il faut, qui ne portent pas nécessairement barbe et turban.

De ces histoires peu occidentales, ne demandez surtout pas au Vatican ce qu'il pense, demandez-lui ce qu'il en fait... Et surtout qu'on ne parle pas de Jack Lang, de Frédéric Mitterrand, de Roman Polanski, de Michel Polack, de Maurice Gutman, de Gabriel Mattzneff. Mais suis-je bête, ils ne portent pas des noms arabes. Pas de regret alors.

Condamner un excès et en occulter un autre est peu digne d'un académicien, surtout quand il se fait donneur de leçons de morale.

Madame, il est tout à fait à votre honneur d'avoir écouté les sanglots des mamans chrétiennes de jeunes convertis à l'islam. Moi je n'ai pas eu votre chance, je n'ai pas entendu les sanglots des mamans de Burma regardant impuissantes leurs enfants qu'on pendait, simplement par ce qu'ils sont nés musulmans, alors qu'ils ne savent même pas encore ce que cela signifiait. Je n'ai pas entendu leurs sanglots car ils étaient couverts par les hurlements des suppliciés et les râles d'agonie des parents brûlés vifs dans un holocauste moderne que vos chastes oreilles n'ont pas perçu.

Je parie, madame, que vous n'avez pas entendu le glouglou que faisaient les corps des algériens jetés à la Seine ? Ni le hurlement horrifié de Zoulikha Addi la militante algérienne jetée d'un hélicoptère en plein vol ? Ni les coups de feu qui ont tué Farhat Hached, ni les pleurs de tout un peuple le jour de son enterrement ? Ni le bruit horrifiant que fait le sang giclant d'une veine jugulaire tranchée par les gars sympathiques de Bob Denard quand il faisait ses gentilles guéguerres un peu partout avec la bénédiction de la bonne conscience franco-occidentale ?

Peut-être arriveriez-vous à imaginer les cris étranglés de ces femmes tunisiennes, algériennes, marocaines, libyennes, sénégalaises, ivoiriennes, violées par les beaux blonds venus leur apporter la civilisation et leur apprendre les vertus du viol martial ? " Les gamines venues de Tunisie " dont vous parlez, à supposer qu'elles existent ailleurs que dans les délires malades de leurs auteurs (il faudrait tout de même lire les journaux du pays dans lequel vous vivez quand ils publient un démenti) ont au moins l’alibi, vrai ou faux peu importe, d'œuvrer pour une cause. Celles qu'on a violées par méchanceté n'ont pas eu cette chance. Finalement, le jour où vous entendez, madame, vous me paraissez plutôt sourde... !

Le jour où vous voyez, vous ne voyez que d'un œil, et encore. Votre boule de cristal n'est pas un modèle de propreté.

Je ne commenterai pas, madame, toutes les insanités relevées dans votre article car cela ne sert à rien d'opposer la raison au délire. La logique se bat contre la logique, les élucubrations affublées du vernis de l'exhibitionnisme n'amusent que les amateurs de poncifs, nombrilistes auto-satisfaits de leur suffisance.

Continuez, madame, de regretter d'être née arabe. Mangez votre porc, buvez votre champagne, tapez sur l'arabe, traînez dans la boue vos coreligionnaires, vous resterez toujours basanée dans vos gènes. Vous resterez toujours le traître transfuge de service, le larbin qui se coltine les latrines et s'inspire de leur parfum.

Vous avez choisi d'aller au casse-pipe, oui, c'est plus élégant de faire le sale boulot, ça donne du genre et ça se vend mieux. Vous vendez quoi madame ? L'honneur de vôtres ? Allez-y, bradez. Jusqu'au jour où vous serez vous-même bradée au profit d'un larbin plus méritant.

On ne vend que ce qu'on possède, et comme vous êtes dépourvue d'honneur et de dignité, vous vendez ceux de la nation. Continuez donc à faire le clown, mais faites gaffe qu'on ne vous paie pas en monnaie de singe… !!

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