Une affaire de couilles…

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La guerre n'est pas une partie de poker. Elle n'est ni un match de rugby, ni une rencontre de boyscouts. Elle n'est pas non plus une affaire de cœur. La guerre est une affaire de couilles. Des couilles bien accrochées au cœur, des couilles plein la tête. C'est d'ailleurs pour cela que certaines femmes la font. Pour tous ceux que la nature n'a pas doté de couilles bien placées, cette ultime forme d'engagement, et j'oserais dire d'humanisme, reste juste une vue de l'esprit, un concept, une abstraction.

Un carnage réservé aux êtres primitifs et barbares. Ceux qui pensent que la guerre est un métier de brutes, ne peuvent comprendre qu'on puisse prendre les armes pour défendre un idéal. Pourtant, il y a plein de belles choses qui méritent que l'on se tue pour elles. Mais les esprits trop timorés, incapables d'élévation et d'exaltation sont loin de soupçonner jusqu'à l'existence de cette réalité.

La conception qu'ils ont de la guerre est celle que leur fournit une digestion difficile, au coin du feu de leur cheminée de style gothique, vautrés sur leur sofa acheté chez Ikéa, tirant d'un air canaille sur leur cigare cubain de contrebande, les yeux perdus dans la contemplation de leur trésor, une croûte acquise à prix d'or baptisée pompeusement art d'avant-garde, entourés de leurs morveux dont la paternité est plus que douteuse. Le confort insolemment ignare et la raison font rarement bon ménage.

Ils ne font pourtant pas trop de chichi lorsqu'il s'agit de combattants appartenant à une armée régulière. Comme s'il fallait une licence particulière pour rechercher et donner la mort. Comme s'il fallait la bénédiction d'un gourou officiel quelconque pour légitimer la mort d'autrui. Ils acceptent qu'un pion en uniforme tue un autre pion en uniforme, c'est dans l'ordre des choses...leur ordre. Mais un bougre sans matricule, allant à l'abattoir de son plein gré, dérange leur vision d'un monde maitrisé et cohérent...Même dans le meurtre.

En fait, il faut regarder de près la plaie béante d'un soldat pour comprendre la guerre. C'est dans les lambeaux de cette chair déchirée, éclatée, sanguinolente que l'on peut apercevoir ce qu'il y a de grand dans ce corps fragile et vulnérable.

Faire don de sa souffrance au service d'une cause jugée juste, cela est au-delà de l'entendement des esprits carrés. Il faut qu'ils dénigrent l'héroïsme spontané qui cadre mal avec la bravoure sur commande constituant les bases de leur monde étriqué, conventionnel et intelligible.

Les suicides conscients les mettent mal à l'aise. Les réactions trop humaines mettent à mal leurs calculs de bouchers légitimes. Le sacrifice non programmé fait une brèche douloureuse dans leur système bien rodé de mort utile intelligemment programmée. Mettre le nez dans un corps éventré cela pourrait finalement aider certains à devenir humains…

Le troufion n'est pas blâmable dans son respect rigide de la consigne et de la hiérarchie. Il a accepté le pacte selon lequel sa mort est programmée par ses supérieurs pour un intérêt supérieur qu'ils sont seuls à pouvoir déterminer. En se prêtant au jeu, il se hisse même parfois au rang de chevalier de l'idéal. Le mercenaire se vend sans trop d'états d'âme, il monnaie sa vie comme d'autres vendent leurs charmes ou leur effort. Il peut faire partie de grandes œuvres, sans y croire ni y penser. Ce sont des mercenaires qui ont fait la grandeur de Carthage et de Rome. Cependant le monde comprend que l'on puisse faire commerce de sa vie mais pas qu'on l'offre sans contrepartie matérielle.

Le monde comprend que l'on puisse tuer car on en a reçu l'ordre, mais pas qu'on le fasse parce qu'au fond de son âme on le juge juste et nécessaire. C'est pour cela que ceux qui se battent sur commande, par intérêt sont appelés soldats, tandis que ceux qui se battent pour un monde meilleur sont appelés terroristes.

La guerre a ses règles qui n'existent même pas sur un court de tennis. Il y a ceux qui s'y plient, ce sont des héros. Il y a ceux qui les transgressent, ce sont des hommes ou des monstres. Ce n'est pas tant le sang qui fait qu'une guerre soit sale, ce sont ses causes et les actes de ceux qui la mènent. L'histoire jugera des unes, la justice décide des autres.

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