Le Terrorisme Bon Genre.

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Le terrorisme a tué Mabrouk, l'audimat a achevé sa mère. Sans nous en rendre compte, nous sommes devenus une société de charognards.

Les charniers les plus puants ne nous rebutent plus. Nous croquons les cadavres en putréfaction comme des amuse-gueule. Il nous faut chaque jour notre dose de sang frais distillé par la télévision. Les plus purs font leurs ablutions dans le sang des martyrs parce qu'ils n'ont plus de larmes authentiques. C'est ainsi qu'ils espèrent conjurer leur monstruosité, dans un simulacre de pitié farcesque et nauséabonde.

Ils ne diffèrent pas tellement des gamins qui placent le scorpion qu'ils viennent d'attraper au centre d'un cercle de feu et le regardent se piquer de panique ou se consumer lorsque les flammes finissent par l'assaillir. Eux au moins ont un alibi : le scorpion est répugnant et dangereux.

Qu'avez-vous pour votre défense ? Remuer le couteau dans le corps morbide d'une tragédie ambulante pour faire du spectacle… Torturer avec un sourire condescendant… Quel monstre faut-il être pour supporter un tel spectacle ? Se laver dans l'eau fangeuse des émotions malsaines… Le remugle de la purification. Et à la fin du supplice, madame versera une larme noire de mascara et ira se démaquiller, le cœur léger et la conscience apaisée, avant de se faire trombonner par monsieur. Alors que le gourou en chef officiant la soirée sordide aura un sourire de rapace repu en songeant à ce que l'audimat réalisé par ce bal des vampires va lui rapporter en monnaie sonnante et trébuchante.

Si les flics ont leur panier à salade, les bars mal famés leur panier à crabes, nos télés ont leur panier de vipères. Choisies parmi les plus venimeuses et les plus bornées. Tu as beau les éviter, t'écarter de leur route, te tenir à carreau à leur passage, débroussailler le pas de ta porte et l'intérieur de ton esprit, les épargner même dans tes cauchemars, peine perdue. Elles sont modifiées génétiquement et programmées à mordre même la main qui ne les menace pas.

À croire que le trop plein de fiel leur monte à la tête et qu'elles prennent leur pied à chaque morsure mortelle. Déverser leur venin leur sert de leitmotiv existentiel. Une journée sans carnage est une journée perdue. Une apparition sans horreur est une perte de temps. Ces serpents répugnants sont toutefois dépassés dans la hideur crasseuse par les fakirs qui leur servent de proxénètes et de mécènes.

Si les reptiles mordent par instinct, leurs maîtres les y encouragent par calcul. Lucifer comparé à eux fait figure d'archange. Imaginez un cirque où les spectateurs paisibles sont livrés à l'horreur du sac de vipères ouvert au milieu d'eux. Personne n'a vu le fakir criminel l'ouvrir et en déverser le contenu. Il est même insoupçonnable car il fait partie du spectacle.

Les gens se retrouvent au milieu de l'épouvante, s'accusant les uns les autres, trop paniqués pour s'unir contre la menace. Et alors, même si les serpents sont inoffensifs, le mal est fait, l'hystérie a gagné la masse, le monstre est lâché. Le monstre aveugle de la peur est lâché au milieu de la foule, le bal du carnage est ouvert. Et quand les serpents leur font défaut, ils agitent des épouvantails à l'effigie de celui qu'ils ont décidé de livrer à la vindicte de l'amok, de l'hystérie contrôlée.

Et il y a des malades qui ont le culot d'appeler émission télé une pareille ignominie !

Quand le vice épouse la cruauté, ils engendrent des journalistes tunisiens.

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