Orient et Occident

L'histoire de l'humanité est toujours marquée par la théologie. Il peut donc être instructif d'examiner le conflit actuel entre l'Orient et l'Occident dans la perspective du schisme qui a divisé l'Église romaine et l'Église orthodoxe il y a de nombreux siècles.

Comme on le sait, la question du Filioque était à la base du schisme : le credo romain affirmait que le Saint-Esprit procédait du Père et du Fils (ex Patre Filioque), tandis que pour l'Église orthodoxe, le Saint-Esprit ne procédait que du Père. Si nous traduisons le langage théologique en termes historiques concrets, cela signifie - puisque le Fils incarne l'économie divine du salut sur le plan de l'histoire terrestre - que pour l'Orient grec orthodoxe, la vie spirituelle des croyants n'était pas directement impliquée dans le plan de l'économie historique.

La négation du Filioque sépare le monde céleste du monde terrestre, la théologie de l'économie historique. Et ceci - sans préjudice d'autres facteurs - peut expliquer pourquoi l'Occident - surtout dans sa version protestante - accorde au développement de l'économie historique une attention qui est tout à fait inconnue du monde orthodoxe grec, qui semble ignorer la révolution industrielle et rester ancré dans des modèles féodaux.

Traduite en termes théologiques, la primauté marxiste de l'économie sur la vie spirituelle correspond aussi parfaitement au lien entre l'Esprit Saint et le Fils qui définit le credo de l'Occident. Le renversement qui se produit avec la révolution russe, lorsque le modèle occidental de la primauté de l'économie historique est greffé de force sur un monde spirituellement non préparé à l'accueillir, est d'autant plus lourd de conséquences.

De nouveau, dans cette perspective, l'échec du modèle soviétique et la re-proposition évidente de motifs théologiques dans la Russie post-soviétique peuvent être expliqués comme le retour de l'indépendance supprimée de l'Esprit Saint, qui retrouve cette position centrale que le régime communiste n'avait pas réussi à effacer.

Il semble d'autant plus absurde que, alors que les Églises romaine et orthodoxe se sont rapprochées au cours des dernières décennies, l'Occident, qui n'est pas par hasard dirigé par un pays protestant, propose aujourd'hui, plus ou moins inconsciemment, au nom du Filioque, une guerre totale contre la Russie orthodoxe.

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