Ministre de l’injustice et porte-voix officiel du mépris.

Il y a parfois des phrases qui condensent un régime entier. Des phrases qui ne sont pas des dérapages, mais des aveux.

Cette semaine, devant un parlement fantôme, la ministre de la Justice — ou plutôt de l’Injustice, Leïla Jaffel — a lâché, dans un rictus qui restera dans l’histoire de l’infamie :

« Il n’y a pas de grèves de la faim sauvages dans les prisons. Tous mangent, tous mangent… Celui qui ne mange pas beaucoup, mange peu. Même dans les lieux qui ne sont pas faits pour manger. »

Des mots prononcés avec un rire jaune, un rire de pouvoir qui ne craint plus rien, qui ne respecte plus rien, un rire qui surplombe — et écrase — la douleur de ceux qui résistent par la faim, faute d’avoir encore un droit, un avocat, une audience équitable, ou même une dignité minimale.

Ce rire-là n’est pas un accident. C’est la bande-son du système répressif installé depuis le 25 juillet 2021.

Aucun ministre depuis 1956, date de l’indépendance de la Tunisie, n’aura autant abîmé l’appareil judiciaire que Leïla Jaffel.

Ce qu’elle dirige n’est plus un ministère : c’est une salle de machines dans laquelle les contre-pouvoirs sont broyés un à un.

Sous son règne :

• Des centaines de juges ont été limogés ou mutés , sans preuves, sans procédure régulière, sur simple « suspicion ».

• La justice antiterroriste a été transformée en fourre-tout punitif pour opposants, avocats, journalistes et syndicalistes.

• Le décret 54 est devenu la matraque numérique du régime.

• Les procès se transforment en parodies :


• 7 minutes pour condamner l’avocat Ahmed Souab à 5 ans de prison.

• Absence des accusés.

• Témoins anonymes.

• Fabriques de charges.

• Violations systématiques du droit de la défense.

Jaffel n’est pas une dérive dans le système. Elle est le système.

Sa mission n’est pas d’assurer la justice : elle est mandatée pour en détruire les fondations et réduire la magistrature à un comptoir disciplinaire mortifère au service d’un seul homme.

Jaffel a réinstallé dans le paysage tunisien ce que l’on croyait enterrer :

• La peur dans les tribunaux

• La vengeance d’État déguisée en procédure

• La criminalisation de la parole

• Les procès politiques à cadence industrielle

• La circulation directe des instructions entre palais présidentiel, parquet et juges dociles

Sa phrase sur les prisonniers n’est pas un cynisme isolé. C’est la traduction littérale de la doctrine actuelle : Répression d’abord. Mépris toujours. Humanité jamais.

Pendant que des détenus politiques — homme d’affaire, avocats, journalistes, militants — se mettent en grève de la faim pour dénoncer l’arbitraire, la ministre rit.

Pendant que des familles s’effondrent à chaque visite, la ministre ricane.

Pendant que la Tunisie replonge dans l’obscurité judiciaire des années noires, la ministre jubile.

Une ministre assise sur un tas de scandales

Si Jaffel traîne une réputation aussi désastreuse, ce n’est pas seulement par son autoritarisme.

C’est parce que, partout où elle passe, les frontières entre le public et le privé, le légal et l’illégal, la mission et l’abus, fondent comme sucre dans l’eau.

On ne retiendra ici que ce qui est établi au niveau institutionnel :

• interventions directes dans des dossiers judiciaires sensibles,

• pressions sur les parquets,

• utilisation abusive des procédures d’urgence,

• harcèlement de magistrats indépendants,

• protection systémique pour les alliés politiques,

• opacité totale sur les nominations,

• instrumentalisation de l’appareil pénal,

• confusion assumée entre rôle ministériel et règlements de comptes.

Le ministère s’est transformé en zone grise, opaque, infranchissable, où le droit est secondaire et où seul compte la loyauté à un dictateur, Kaïs Saied.

La scène du Parlement résume tout : une ministre qui se moque des prisonniers, des grévistes de la faim, de ceux qui risquent leur vie pour garder un reste de dignité. Une ministre qui tourne en dérision l’un des actes de résistance les plus anciens, les plus douloureux, les plus humains. Une ministre qui rit lorsque d’autres se meurent.

Rire de ceux qui ne mangent plus, c’est l’ultime degré de brutalisation d’un pouvoir.

Ce rire est un crachat sur :

• la justice,

• la Tunisie,

• les droits humains,

• la mémoire de ceux qui ont combattu la dictature,

• la souffrance de centaines de familles.

Ce rire restera. Il hantera ce régime.

Le rire de Jaffel passera. Mais les dommages qu’elle inflige au pays, eux, dureront longtemps. La ministre de l’Injustice ne rit pas — elle se masque

Elle rit parce qu’elle a peur. Peur que la lumière entre. Peur que la vérité sorte.

Peur que la justice, la vraie, celle qu’elle piétine chaque jour, revienne un jour lui demander des comptes.

Car cette justice-là ne meurt jamais. Elle attend.

Et elle finit toujours par frapper à la bonne porte.

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