Le témoignage de Dalila Ben Mbarek Msaddek, en larmes, bouleverse par son intensité et sa douleur: une avocate venue visiter Jaouhar Ben Mbarek, en grève de la faim depuis quinze jours, a constaté des traces de violences physiques sur son corps — des violences exercées pour le contraindre à mettre fin à sa grève. Voilà où nous en sommes : un État qui frappe un homme déjà affaibli pour l’empêcher d’exprimer pacifiquement son refus de l’injustice.
Cette scène, d’une cruauté insoutenable, dépasse le cas individuel : elle révèle le visage réel du pouvoir actuel — un pouvoir qui n’hésite plus à violer les corps pour étouffer les voix.
Kaïs Saied, qui a ordonné et maintenu l’emprisonnement de dizaines de figures de la société civile et de l’opposition, porte la responsabilité directe de cette dérive. En couvrant, par ses discours et ses décisions, les abus commis dans les prisons et les commissariats, il est devenu le premier responsable politique et moral de ces traitements inhumains.
Mais la chaîne de responsabilité ne s’arrête pas là.
• La ministre de la Justice, garant théorique de la légalité, a transformé son département en instrument de persécution politique, laissant magistrats et parquets agir en dehors du droit.
• Les juges d’instruction et les magistrats qui obéissent aux injonctions, en violant le serment de justice et d’indépendance, participent à cette mécanique répressive.
• Et la police, lorsqu’elle arrête, frappe ou humilie, ne se contente pas d’exécuter un ordre illégal : elle devient complice d’un crime contre la dignité humaine.
• Quant aux gardiens de prison, ceux qui ferment les yeux, qui laissent souffrir, ou qui infligent eux-mêmes des brutalités à un détenu affaibli, portent la même responsabilité morale et pénale.
Leur silence, leur obéissance servile ou leur zèle répressif font d’eux les rouages visibles d’un appareil de torture d’État.
Ce système de torture institutionnelle — physique, morale et judiciaire — est une honte nationale. Il salit le nom de la Tunisie et trahit l’héritage de toutes celles et ceux qui ont lutté pour un État de droit.
Exigeons :
- L’hospitalisation immédiate de Jaouhar Ben Mbarek et un examen médical indépendant sous supervision d’experts reconnus.
- L’ouverture d’une enquête indépendante sur les violences constatées et sur la chaîne de commandement qui les a rendues possibles.
- La mise en cause pénale de tous les responsables — du président Kaïs Saied jusqu’aux agents d’exécution, en passant par le ministre de la Justice et les magistrats qui ont validé ces ordres iniques.
- La libération immédiate de toutes les personnes détenues pour leurs opinions.
La responsabilité ne peut plus être diluée. Ceux qui ordonnent, exécutent ou justifient la torture devront répondre de leurs actes.
La justice n’appartient pas au prince du moment, elle appartient au peuple, à la loi et à la conscience.
Consciences libres, agissez maintenant. Le silence tue — un homme, une famille, l’âme d’un pays.
Il est encore temps de sauver Jaouhar.