Une fierté nationale très mal placée ....

Photo

Plus d’interviews officielles devant la photo de Bourguiba et c’est un tollé d’enfer déclenché ! On est donc, à la seconde, reparti pour un nouveau tour de râleries. S’agenouiller encore, pour que certains illusionnistes pratiquent leur incantation mystique et s’inclinent au nom de l’adoration d’un homme surnaturel qui avait transgressé sans sourcilier, les règles du normalement correct.

Le temps choisi de catapulter sur Face Book, les images sacrées de leur mi-Dieu, mi-Totem en situation avantageuse, oubliant celles où il était porté à pleins bras comme une potiche, prête à se casser. Et aussi celles, où, devant les objectifs ébahis des caméras du monde entier, l’on découvrait avec stupeur l’homme sénile, maniaco-dépressif et grabataire qui présidait encore à la destinée assombrie de son pays.

Inutile, cette politique de l’autruche qui avait feint d’omettre que la toile regorgeait de ses forfaitures envers les Monarchistes, Yousséfistes et Communistes ou simplement envers son Peuple rebelle, contre lequel il avait ordonné de tirer des balles réelles lors des émeutes du pain. Le summum de l’apothéose étant les images inoubliables de la liesse populaire qui accompagna sa chute et renvoya aux calendes grecques, une honteuse et improbable présidence à vie …

Trêve de balivernes, point de surenchères, ni de batailles rangées, mais un échange des plus constructifs avec quiconque de normalement cortiqué : pouvoir choisir un guide intemporel est un objet de fierté pour certains pays du tiers-monde, en raison de l’immaturité politique de leurs citoyens et leur aptitude à courber l’échine.

Mais, que notre belle Tunisie, pays au passé tri-millénaire, n’ait pas perpétué la médiocrité des Dictatures, devrait procurer un sentiment d’honneur encore plus réjouissant. Qu’il y ait, profondément enfoui dans un certain inconscient collectif, l’attachement à une figure supposée être paternelle, je peux le concevoir à un certain degré. Pas au point, comme je le lis et l’entends très souvent, d’usurper la place du père biologique, à moins que celui-ci ne soit un paria exécrable.

Autrement, le parricide prémédité n’est que conséquence d’une construction chaotique dans la psyché perturbée de ces béni-oui-oui invétérés. À tous ceux qui restent dubitatifs, une Nation exemplaire ne pourra jamais ambitionner d’être universaliste, si son image colle éternellement à celle de la Tyrannie. Ou, en des termes plus crus, pouvoir blasphémer Allah, critiquer le Coran, l’Islam et notre Prophète - صلعم - et ne pouvoir contredire un Mortel, sans entraîner les réflexes pavloviens désobligeants appris à l’école de la Dictature, est-ce raisonnable ?

Quoiqu’il puisse être écrit et quelques soient les pulsions qui poussent à le faire, le diktat d’un Chef d’État ne doit jamais autoriser le moindre assassinat politique ou excuser les sévices subis par un quelconque citoyen rebelle, que la loi est toujours censée protéger dans les parfaites conditions de transparence et d’impartialité …

Alors, ces clichés nauséabonds et ces grossières caricatures qui s’éternisent et ces acquis dont certains restent discutables selon nos us et coutumes, ne justifient pas tout et n’autorisent pas tout de Bourguiba.

Si l’on avait pu bénéficier d’un enseignement gratuit de qualité, c’était son devoir. S’il ne l’avait pas fait, quelqu’un d’autre l’aurait accompli, sans chercher à nous rabattre sans cesse le caquet au moindre désaccord, au risque de châtiments psychiques ou corporels moralisateurs.

Si nos femmes avaient été libérées ? Que penser de nos hommes, exilés, précarisés, torturés ou assassinés ?

Si nos services de santé étaient à la pointe, était-ce pour que Mr le Président aille se faire soigner à l’étranger, aux frais du contribuable, pour ses pathologies dentaires, cardiaques ou psychiatriques ?

Et si nous n’étions plus poussiéreux ou pouilleux, devrions-nous tout accepter de lui : la présidence à vie, les festivités onéreuses de son anniversaire, le temple mortuaire, la sahélisation du pays, la mise à l’écart de l’armée, l’écriture falsifiée de l’Histoire, la destruction ou dégradation de certains vestiges patrimoniaux, la succession ratée ou l’opportunisme et la corruption de son clan … ?

Aussi, qu’il ait discouru en pérorant, qualifié ses opposants de microbes, détaillé son anatomie intime sans gêne, nagé avec son Ministre de la Serviette, répudié sa Mejda sans devoir se présenter au tribunal après l’avoir épousée en fanfare ou qu’il se soit excusé de façon pathétique de ses crimes ou s’auto-congratulé jusqu’aux larmes -de crocodile- devant sa trajectoire politique, voilà un florilège détonnant de ce poison présidentiel, qui aurait dû alerter et interroger.

Ce voyage de trente ans, langoureux et inquiétant au sein de cette première République, avait montré qu’elle était condamnée à terme, déconnectée des réels enjeux, à la fois frivole, décadente et égocentrique. En vérité, la Nation Tunisienne n’avait pas à subir les frasques d’un Président vieillissant, dirigé par des cerveaux en disgrâce, le sien et ceux de son entourage malsain …

Alors, les travers de cette Présidence à vie, revivez-les autant que vous le souhaitez ! Postez toutes les photos que vous voulez ! Vous ne démontrerez rien, autre que votre fétichisme et votre voyeurisme vous fera mal une deuxième fois. Nous autres, ne désirons plus d’Intouchables, ayant tant de défectuosité patente.

Le chimiotactisme inconditionnel n’est pas notre tasse de thé. L’esprit de soumission sans limites et la volonté obsessionnelle d’idéaliser un Tyran, non plus.

Nous soutenons un nouveau Président, mortel et respectueux et nous fondons toutes nos espérances sur lui. Un Homme authentique, populaire, sincère, dévoué et non pas un Phénix d’outre-tombe …

Avec la République Tunisienne, l’avenir ne fût que du passé qui avait recommencé. Une profession de foi qu’il est cruel de rappeler. Une photo de Bourguiba de laquelle on se détourne et enfin, les habitudes d’adoubement éternel qui changent. Dieu merci !

C’est avec cette psychologie d’espoir, que se consolent, comme moi, certaines gens. De peu de choses, mais tellement significatives pour l’avenir …

Poster commentaire - أضف تعليقا

أي تعليق مسيء خارجا عن حدود الأخلاق ولا علاقة له بالمقال سيتم حذفه
Tout commentaire injurieux et sans rapport avec l'article sera supprimé.

Commentaires - تعليقات
Pas de commentaires - لا توجد تعليقات