A. Mourou n’est pas le premier choix du directoire de Nahda. De prime abord, Ghanouchi et ses conseillers auraient aimé ne pas avoir de candidat et manœuvrer pour soutenir un candidat du système. Le principe du candidat propre a été imposé par un mouvement d’humeur par le conseil du choura. Le choix d’A. Mourou a heurté et surpris jusqu’à A. Mourou lui-même qui, il y avait peu, faisait valoir son droit à la retraite.
Dans la mouvance islamiste, A. Mourou est une personnalité hétérodoxe. Il avait démissionné une première fois au moment où les islamistes subissaient les foudres de Ben Ali et au plus fort de la répression des islamistes jusqu’à la révolution, Mourou avait arrêté toute activité politique et tourné le dos à ses compagnons.
Durant toute cette période terrible pour les islamistes, les militants des droits de l’homme et de la démocratie, personne ne se souvient d’avoir lu ou rencontré Mourou dans les batailles de l’époque.
Même après la révolution, il a préféré garder sa liberté et se présenter en candidat libre aux premières législatives de la constituante, tentative soldée par un échec.
Malgré tout A. Mourou est aujourd’hui candidat du parti Nahda. Nahda veut d’abord se compter, façon adroite de pousser à la cohésion des troupes car la crainte est là. « Le peuple de Nahda » n’est pas convaincu par l’homme. Nahda pense qu’avec un candidat propre, il limiterait les déperditions et engrangerait suffisamment pour négocier avec le candidat du système quel qu’il soit, de préférence Y Chahed, le candidat chef du gouvernement qu’elle s’est ingéniée à soutenir et à maintenir malgré sa faillite.
Le candidat Mourou est là pour barrer la route aux candidats du changement et baliser celle des candidats du système, ceux de la réaction quels qu’ils soient.
Mourou est l’allié objectif du système, il concourt pour la forme. Il sait qu’il ne sera jamais président de la république. Il est là pour faire la courte échelle au candidat du système ... pour que rien ne change.