Eurosuicide : le déclin spenglerien de l’Europe

Un ouvrage d’une grande diversité culturelle écrit par le jeune économiste Gabriele Guzzi a récemment été publié. C’est le livre Eurosuicide qui tente d’éclairer l’intégration européenne, vue d’un point de vue non pas rhétorique, ni consolatif, mais fondé sur la réalité des faits.

L’intégration européenne, la naissance de la monnaie unique, ont été le moment historique le plus important du continent au cours des cinquante dernières années et conduisent à l’effondrement complet – presque une dissolution selon l’auteur – des pays européens, de leurs démocraties, de leurs économies et de leurs sociétés. Précisément, pour reprendre les mots de Guzzi lui-même, il s’agissait d’un véritable suicide, ou plutôt d’un euro-suicide, tel qu’il est défini de manière emblématique et presque en écho (peut-être inconsciemment) d’Oswald Spengler.

La thèse fondamentale de l’ouvrage est que la crise actuelle de l’Union européenne n’est pas le résultat d’un accident historique, mais est due à des causes structurelles – intrinsèques – au projet lui-même, né sur les décombres de la Seconde Guerre mondiale.

Je ne saurais pas comment blâmer l’auteur. L’Europe n’est qu’un traité (comme la Cour constitutionnelle allemande elle-même le soutient avec autorité), donc elle n’a pas de constitution, et par conséquent elle est dépourvue de démocratie. Mais en même temps, elle aimerait être un phare des démocraties mondiales. Quelqu’un a-t-il oublié la juxtaposition de l’UE avec un « jardin de fleurs » par l’ancien Haut Représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell ? Un vrai court-circuit logique, mais pas le seul de ce projet. L’Union européenne est un projet fou qui souhaite unir des peuples parlant 24 langues officiellement reconnues par l’UE, trois alphabets différents, des politiques sociales, industrielles, économiques, ainsi que des cultures et traditions différentes. Et de plus, tout cela, en dehors d’une constitution qui sculpte de façon indélébile les droits des citoyens de cette Babel.

Selon l’auteur, l’Union monétaire était l’étape définitive qui conduit à la désintégration et à l’auto-annihilation du projet européen, qui devrait en tout cas être déconstruit de manière rationnelle afin de penser – à l’avenir – à de nouvelles formes de collaboration entre pays européens. Tout cela pour éviter une implosion incontrôlée et incontrôlable dont les sorties et les dégâts ne peuvent être prévisibles. À mon avis, une proposition à considérer comme sage, aussi radicale soit-elle. Mais une proposition – comme le suggère lui-même l’auteur – qui nécessite l’abandon de la « foi quasi-religieuse » que trop de gens ont encore dans le projet européen et qui s’est avérée être un échec.

Permettez-moi de faire une petite note sur un ouvrage important car cela clarifie en quoi cette crise n’est pas accidentelle : le remède proposé par Gabriele Guzzi est peut-être utopique, trop d’intérêts et trop complexe dans le niveau des interactions entre les systèmes économiques pour pouvoir espérer déconstruire un projet comme l’européen de manière rationnelle. Peut-être devons-nous accepter – comme le dirait Spengler – que toutes les civilisations finissent par mourir tôt ou tard et que peut-être le projet européen a été le chant du cygne d’une zone géographique – la nôtre – qui a désormais accompli sa mission dans l’histoire.

Après tout, l’eurosuicide est la troisième tentative de suicide de l’Europe au cours du siècle dernier, qui a suivi les deux guerres mondiales. Peut-être que cet événement sera fatal pour une région en crise politique, technologique, militaire et spirituelle.

Gabriele Guzzi, Eurosuicidio, Fazi Editore (2025).

Poster commentaire - أضف تعليقا

أي تعليق مسيء خارجا عن حدود الأخلاق ولا علاقة له بالمقال سيتم حذفه
Tout commentaire injurieux et sans rapport avec l'article sera supprimé.

Commentaires - تعليقات
Pas de commentaires - لا توجد تعليقات